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0090 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 90 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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88   LE CYCLE DE KAPILAVASTOU

tiques susceptibles de mimer la représentation de quelque drame légendaire ; z° le chant, probablement déjà avec cette voix de tête qui ravit particulièrement les Orientaux ; .3° les soli de musique qui « font parler » un instrument à vent ou à cordes, flûte ou harpe ; q.° la musique d'orchestre rythmée par les tambours à main et dont s'accompagnent les danses ; et s° puisque enfin il faut bien l'avouer, les femmes.

Telle est la liste authentique et complète de ce qu'on pourrait appeler les cinq plaisirs capitaux dans les idées du temps. Elle perce à l'usage de notre curiosité comme un oeil-de-boeuf dans le mur de la vie privée du prince. S'en voile la face qui voudra : c'est la vie du harem des Arabes et de l'anderoûn des Persans, telle qu'on la mène également dans l'antah goura des Indiens ; et tout de suite nous constatons ce que nous confirment les bas-reliefs, à savoir le rôle prépondérant qu'y jouent la dansé et la musique. Ne demandez pas aux textes de vous la décrire plus en détail. Ecartelés entre les besoins de leur propagande et leurs scrupules de conscience, leurs rédacteurs achèvent de perdre leur dernier reste de sens commun. Le Lalita-vistara, par exemple, avoue bien (ch. xIII) que le Bodhisattva a vécu « dans les appartements intérieurs » au sein de tous les raffinements du luxe et de toutes les sortes de voluptés en compagnie des quatre-vingt-quatre mille femmes, toutes pareilles à des déesses, dont il se croit obligé de le gratifier ; mais d'autre part il maintient que, pendant cette même période, il n'a cessé de mener une existence toute confite en dévotion : car les accords des instruments de musique n'arrivaient à ses oreilles que transformés en stances éminemment moralisatrices, et ce raz de marée d'édification finit même par submerger la multitude des femmes ainsi que « bien des centaines de mille de divinités ». Ces inconciliables contradictions tracent une fois de plus entre elles la voie moyenne qu'en bonne judiciaire il nous faut adopter. N'étant pas moines, nous n'avons aucune raison de contester que, pendant quelques années, Siddhârtha ait humainement joui des plaisirs de la vie dans la mesure où sa fortune le lui permettait ; et, d'autre part, le fait qu'il s'en est finalement détaché prouve assez clairement qu'il ne s'est pas enlisé, comme tant d'autres princes orientaux, dans une perpétuelle recherche de jouissances nouvelles. Remarquons d'ailleurs à sa décharge, si tant est qu'il en soit besoin, que personne n'a jamais songé à lui prêter mille rejetons, comme à un Monarque universel (ni même soixante-dix, comme à tel Émir d'Afghanistan qui régnait encore au début de ce siècle). Il n'aurait eu qu'un fils, dont Gopâ-Yaçodharâ était la mère. Tout se passe donc comme si celle-ci n'avait pas été seulement sa « première reine », mais encore sa seule épouse légitime. Les autres habitantes des appartements intérieurs, une fois leur nombre ramené à un chiffre acceptable, représenteraient surtout les nombreuses ballerines et musiciennes que se devait d'entretenir un

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