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0093 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 93 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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ENFANCE ET JEUNESSE   91

destinée : « D'où vient-il ? Où va-t-il ? A quoi rime ce monde ? Comment même se fait-il qu'il y ait un monde ?... » Autant de questions qui dépassent le champ de vision de l'esprit humain. Le commun des mortels vaque sans y penser à ses petites affaires et meurt sans même avoir essayé de comprendre pourquoi il a vécu qui osera dire que c'est le parti le plus sage ? Les âmes énergiques, mais basses, — les Asouras, comme les appellent les Indiens — trouvent un dérivatif approprié à leurs goûts dans une recherche effrénée de la jouissance ou de la puissance, depuis le brigand jusqu'au dictateur, et leurs contemporains savent ce qu'il leur en coûte. D'autres âmes, infiniment plus délicates, mais non exemptes de quelque faiblesse congénitale, se réfugient, sinon dans le suicide, du moins dans le semi-suicide moral qu'est l'état monastique : car si le moine peut être le zélateur de quelque noble cause, il est sûrement le déserteur de tous les humbles devoirs. A mi-chemin entre ces deux solutions extrêmes, — celle du jouisseur impénitent ou celle du pénitent abstentionniste — religions et philosophies essaient, chacune à sa manière, de concilier l'acceptation des obligations mondaines et leur cortège de compromissions inévitables avec la préservation de leur idéal de pureté éthique ; ce n'est pas dans une autre intention que la plupart réprouvent l'égoïsme et exaltent l'esprit de sacrifice et de résignation. L'Inde même, cette antique mère de tant de religieux fainéants, a de bonne heure- proposé • à ses fils un mode d'agir affranchi de toute flétrissure par la vertu du détachement intérieur, lequel purifie à l'avance toute action des souillures qu'elle entraîne. Mais cette virile doctrine, la plus vigoureuse réfutation de « l'objecteur de conscience » qui ait jamais été écrite, ne s'est exprimée dans les magnifiques stances de la BhagavadGitâ que bien après la naissance de Siddhârtha. De son temps les idées d'activité humaine et de moralité spirituelle étaient considérées par tous les penseurs de la région gangétique, apparemment efféminés par un climat amollissant, comme s'excluant l'une l'autre ; et les plus grands esprits, en dépit de leur originalité propre, ne se dégagent jamais entièrement des préjugés de leur milieu. Avec tous ses contemporains et compatriotes le Bouddha a eu foi en la transmigration des âmes ; avec eux aussi il a cru « qu'il n'y a de salut que hors de la maison », entendez dans l'abandon total de la vie de famille pour l'existence vagabonde du bhikshou, littéralement du « mendiant ». Les plus vieux textes censés tombés de sa bouche nous le répètent à satiété : « C'est une sujétion que la vie laïque, c'est un état plein. d'impureté. C'est à ciel ouvert que se mène la vie religieuse ; comme il pensait ainsi, il sortit du monde. »

Telle est l'idée dominante qu'il nous faut désormais avoir toujours présente à la pensée : le Bodhisattva va se faire moine, et, qui plus est, moine errant et mendiant ; et,. ce faisant, il ne fera que se conformer à la coutume de ceux qui, dans son entourage,