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0101 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 101 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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ENFANCE ET JEUNESSE   99

qui la ravit, lui fait follement s'imaginer qu'il est tombé amoureux d'elle. Implacable misogyne, l'auteur du Mahâvastou craint les femmes, même quand elles tiennent des propos recélant un sens édifiant : selon lui Siddhârtha, uniquement préoccupé de sa découverte, ne fait même pas à la pauvrette, que tant d'indifférence afflige, l'aumône d'un regard.

On remarquera que cette version, fidèle à l'esprit de la primitive Communauté, se passe de toute intervention divine ; et c'est là un point sur lequel nous aurons à revenir. Mais les Soutra postérieurs, dits « développés », après avoir si souvent réquisitionné les dieux par centaines .de millions pour faire cortège au Bodhisattva, ne pouvaient guère leur refuser la parole en une circonstance si lourde de conséquences pour l'avenir ,de l'humanité. Pourtant le Mahâvastou ne leur accorde que quelques lignes. Les « Hôtes des Purs séjours » se bornent à rappeler au Bodhisattva qu'il a jusqu'ici fait toutes choses en son temps : il ne faut pas que cette fois-ci il manque le coche, d'autant que tout un peuple, soupirant après le salut, a les yeux levés vers lui comme les paysans vers le nuage qui leur apporte la pluie. Le Lalita-vistara, compilant de toutes mains ses complaintes populaires, a, selon sa coutume, embrouillé les choses. Il a bien un chapitre, le XIIie, intitulé « l'Instigation » ; mais, comme nous avons déjà dû le dire, il le place immédiatement après le mariage. Le prince n'est pas plus tôt entré dans les « appartements intérieurs » que les dieux, dûment stylés par le pieux rédacteur, commencent à trouver qu'il s'y attarde trop longtemps ; si bien que la description de sa vie de plaisirs dans le gynécée n'est plus qu'une longue objurgation d'en sortir au plus vite. Bien entendu on a commencé par nous déclarer que le Bodhisattva n'a besoin des avis de personne pour savoir ce qu'il lui reste à faire ; mais cela n'empêche pas d'appeler à la rescousse des dieux les Bouddhas des autres mondes situés aux « dix » points cardinaux du nôtre pour lui intimer son devoir, en transformant tous les concerts qu'il se donne en autant de pieuses et interminables homélies. Aussi, quand nous arrivons enfin à la veille du Grand départ (ch. xv), les divinités n'ont plus rien à faire d'autre que de se communiquer la nouvelle et de s'engager mutuellement à favoriser l'évasion de Siddhârtha. Tant de confusion risquerait de nous faire perdre le fil de notre histoire, si les monuments figurés ne venaient à notre secours. Comme toujours leur parti est des plus nets, et il va de soi qu'ils reflètent la pensée de leurs donateurs. Un esprit ingénieux avait rapproché les deux moments critiques de la vie du Prédestiné où, du fait de ses légitimes hésitations, le sort de l'humanité trembla un instant dans la balance : la première fois (et nous y sommes arrivés) quand, encore prince héritier, les dieux l'incitèrent à sortir du monde, et c'est l'Instigation ; la seconde fois quand, devenu l'Illuminé, ils le supplièrent de consentir à prêcher sa doctrine, et ce sera la Requête.