National Institute of Informatics - Digital Silk Road Project
Digital Archive of Toyo Bunko Rare Books

> > > >
Color New!IIIF Color HighRes Gray HighRes PDF   Japanese English
0105 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 105 (Color Image)

New!Citation Information

doi: 10.20676/00000286
Citation Format: Chicago | APA | Harvard | IEEE

OCR Text

 

ENFANCE ET JEUNESSE   I03

il paraissait inadmissible que le Bodhisattva eût été un fils désobéissant : à présent on ne veut pas davantage qu'il ait pu être

un père dénaturé et n'ait même pas songé avant son départ à jeter les yeux sur l'enfant que vient de lui donner sa femme : Le Bodhisattva pensa : Il faut que je voie mon fils ; et, se levant de sa couche, il alla à la résidence de la mère de Râhoula et ouvrit la porte de la chambre. A ce moment, à l'intérieur de la

chambre, brûlait une lampe d'huile parfumée. La mère de Râhoula, sur sa couche toute jonchée de fleurs odoriférantes, dormait, la main posée sur le front de son fils. Le Bodhisattva, un pied sur le seuil, s'arrêta et contempla: Si j'écarte la main de la reine pour prendre mon fils, la reine se réveillera, et ainsi mon départ se trouvera empêché. Quand je serai devenu un Bouddha

. je reviendrai le voir. Et sur ces paroles il descendit de la terrasse du palais. » Nous apprenons du même coup pourquoi il ne juge pas à propos de prendre congé de sa femme. Comme sa résolution est irrévocablement fixée, il estime préférable de s'épargner les scènes de cris et de larmes dont s'accompagnaient à l'ordinaire les « départs de la maison ».

LE GRAND DÉPART. — Le dénoûment obligé vers lequel nous avançons à travers tous ces détours — seul événement authentique au milieu de toutes les fictions inventées pour nous l'expliquer — va enfin se produire. Dans la cour du palais l'écuyer Tchandaka et le cheval Kanthaka attendent déjà leur maître. Tous deux sont pour nous de vieilles connaissances, puisque nous les avons vus naître. Prévoyant l'avenir, nous savions d'avance que le prince aurait besoin d'eux pour sa dernière équipée : toutefois ils n'apportent aucun enthousiasme à remplir la tâche pour laquelle ils sont nés. Le cheval hennit dans l'espoir de réveiller tout le monde ; l'écuyer à ces hennissements joint ses protestations verbales, ; et les « Remontrances de Tchandaka », qui tiennent quelques lignes du Malu vastou, n'occupent pas dans le Lalita-vistara moins de sept pages, vu que le prince se croit obligé de les réfuter point par point. Evidemment on ne saurait trop nous rappeler tout ce que le Bodhisattva sacrifie en ce moment : plaisirs, bien-être, richesses, condition sociale, droits au trône, caste, famille, etc., ni contraster trop longuement les aises et délices de la vie qu'il quitte avec les privations, les misères, les difficultés continuelles dont s'accompagne forcément l'existence hasardeuse d'un mendiant sans feu ni lieu. Comment lui, si délicat et tant gâté jusqu'ici par la fortune, si accoutumé à voir tous ses désirs prévenus d'avance par un peuple de serviteurs, lui qui n'a qu'à se laisser vivre dans l'ambiance splendide, harmonieuse et parfumée de ses palais et de ses jardins, comment, devenu tout à coup un vagabond errant dans la poussière des chemins sans même un toit de chaume pour abriter sa tête, pourra-t-il supporter un tel changement de régime et de milieu ? Encore s'il était vieux et désormais incapable de jouir du luxe qui l'en-