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0106 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 106 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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I04   LE CYCLE DE KAPILAVASTOU

toure et des voluptés qui de toutes parts s'offrent à lui ! Mais non, sachons-le bien, ce n'est ni décrépit par l'âge, ni affaibli par la maladie, ni usé par les plaisirs, c'est en pleine jeunesse, en pleine santé, en pleine force que le Bodhisattva a « quitté la maison pour l'absence de maison » — entendez l'état de laïque pour celui de religieux — et s'est juré de n'avoir de cesse qu'il n'ait découvert le remède à des maux que personnellement il n'éprouvait pas encore.

Voyant que la résolution de leur Maître est aussi inébranlable que le mont Mêrou, écuyer et cheval se résignent à l'aider dans sa fuite : mais comment assurer son départ ? N'oublions pas que cinq cents hommes armés veillent à chacune des portes de sortie. Ces portes mêmes ont été à ce point renforcées qu'il faut également cinq cents (ou mille) hommes pour faire tourner chacun de leurs battants, et le grincement de leurs gonds s'entend d'une lieue à la ronde. Siddhârtha est bien le mieux gardé des prisonniers d'Etat. Heureusement pour lui, dieux et génies sont à son service. Déjà les Quatre rois gardiens du monde ont pris position avec leurs troupes respectives, chacun à son point cardinal attitré, et les « Trente-trois », Indra-Çakra à leur tête, planent au zénith. Le premier soin des divinités est de plonger tous les habitants de Kapilavastou sans exception dans un sommeil magique si profond qu'aucun bruit, volontaire ou non, ne parviendra à le rompre. Par surcroît de précautions, des génies (d'autres disent les Quatre rois eux-mêmes) soutiennent dans leurs mains les sabots de Kanthaka pour en amortir le choc formidable, sur le sol. Mais il reste à ouvrir l'une des lourdes portes de la cité : « Qu'à cela ne tienne, pense en lui-même le bon palefroi ; avec mon maître sur mon dos et Tchandaka suspendu à ma queue, je franchirai d'un seul bond l'enceinte de la ville. » Il n'a pas à sauter l'obstacle, car la porte s'ouvre comme par enchantement. Bref, grâce à cette assistance surnaturelle, tout se passe sans encombres et l'évasion nocturne réussit pleinement. Acclamations divines, pluie de fleurs célestes, roulements de tambours aériens, six sortes de tremblements joyeux de la terre, toutes les manifestations accompagnatrices des Grands miracles se produisent spontanément : et de fait, le « Grand Départ » est bien un cinquième grand miracle, susceptible à l'occasion de se substituer sur les stèles à celui de la Nativité ; car c'est une vie toute nouvelle qui s'ouvre devant le Prédestiné.

La légende populaire mêlait-elle encore d'autres acteurs à cette scène décisive ? Pour le savoir nous ne saurions mieux faire que de nous reporter aux sculptures, car la présence d'un personnage sur les bas-reliefs est le meilleur critérium que nous puissions espérer de sa popularité. Que la sortie par la porte de la ville nous soit représentée de face ou de profil, nous retrouvons toujours les trois protagonistes, le prince, le cheval et l'écuyer, — celui-ci porteur, bien qu'en pleine nuit, du parasol royal à long manche :