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0111 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 111 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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ENFANCE ET JEUNESSE   Y 09

villes saintes et que, pour cette raison, on appel' des mâhâtmya. C'est sur place, ou dans un opuscule de ce genre, que notre hagiographe en chef a recueilli la matière qu'il a cru devoir enjoliver de si lourde façon, et l'on pourrait dire que les quinze premiers chapitres de son ouvrage ne sont autre chose qu'un guide dévotieux, « développé à plaisir », de la ville natale du Bouddha. De leur côté, l'étude des bas-reliefs des portes monumentales de Sânchî nous a depuis longtemps. donné à penser, par la manière dont ils groupent topographiquement et non chronologiquement leurs scènes figurées, que les principales sources des tardives et incomplètes vies de Çâkya-mouni que nous possédons avaient été les mâhdtmya des quatre, puis des huit places sacrées du bouddhisme ancien. Cette vue sera bientôt confirmée par l'étude que nous devrons faire des trois autres grands pèlerinages et des quatre pèlerinages secondaires. La portée de ces remarques, par les conséquences qu'elles entraînent, déborde donc largement le fait initial qui les a provoquées. Il en résulte en effet qu'on ne saurait plus séparer la biographie du Bouddha de la topographia sacra du bouddhisme. Assurément toutes deux ne marchent pas toujours de conserve, la première ne pouvant naturellement prendre avec la chronologie les mêmes libertés que la seconde ; mais qu'elles soient indissolublement liées, c'est là un fait qui paraît acquis. Il achève de mettre en lumière, en ce qui concerne particulièrement les épisodes de la Nativité, de l'enfance et de la jeunesse, le caractère foncièrement populaire de la tradition ; et cette constatation à son tour ne nous inquiète pas moins en un sens que, d'un autre point de vue, elle ne nous rassure.

Commençons par avouer franchement son côté le plus inquiétant. Nous venons de surprendre sur le fait la façon dont les légendes s'enracinent, pour ainsi dire, dans le sol, et nous savons qu'une fois enracinées, c'est (sauf cataclysme) pour une durée indéfinie : mais il va de soi que cette espèce de marcottage de la légende ne confère à ses rejetons aucun brevet d'authenticité. Des dévots très convaincus nous ont montré à Maïlapour, près de Madras, maintes traces matérielles du séjour qu'y aurait fait l'apôtre des Indes ; pourtant l'apostolat et le martyre de st Thomas ne peuvent historiquement se localiser que dans le Nord-Ouest de la péninsule. A Mazâr-é-Shérif, dans le Turkestan afghan, d'autres croyants nous ont fait voir (du dehors) le tombeau d'Ail, le gendre du Prophète ; cela n'empêche pas que ce dernier soit enterré à Nedjef, en Mésopotamie: Mais pourquoi allerchercher si loin des exemples ? Les visiteurs du Château d'If, dans la rade de Marseille, auxquels on montre les cellules communicantes de deux prisonniers qui n'ont jamais existé que dans l'imagination d'Alexandre Dumas père, savent assez comment s'élabore et s'affirme ce mode d'escroquerie à la dévotion pèlerine ou à la simple curiosité touristique. Non, pour être localisée, une fiction n'en devient pas du même coup historique. Dé-