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0118 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 118 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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I16   LE CYCLE DU MAGADHA ET DE BÉNARÈS

cevons à l'intérieur du sanctuaire, et cette fiction a du moins cet intérêt de nous renseigner sur un détail pratique. Il va d'ailleurs de soi que la dévotion postérieure n'a pu se contenter d'une taille de cheveux aussi sommaire et exécutée avec un instrument aussi peu approprié qu'un sabre. La Communauté tenait beaucoup à ce que son fondateur eût pris dès le début l'aspect exact des futurs membres de son ordre. On finit donc par faire intervenir un dieu déguisé en barbier qui se trouva là juste à point, en pleine djangle, pour lui raser congrûment la tête à la façon de ses bhikshou.

Force nous est ici d'ouvrir une parenthèse archéologique : car

l'accord et l'insistance des textes sur ce point capital ne rendent que plus surprenant le refus d'acquiescement des artistes indogrecs. Pour une fois ils se sont mis en rébellion ouverte avec la tradition. Sur les bas-reliefs ils représentent bien l'abandon des parures et l'échange des costumes, mais nulle part la coupe des cheveux ; sur les statues, ils consentent à débarrasser le Bouddha de sa coiffure princière, mais à lui raser la tête, non pas. On aperçoit à ce parti pris deux raisons, l'une d'ordre esthétique (cela ferait trop laid), l'autre d'utilité iconographique (car comment distinguer le type du Bouddha de celui de ses moines, s'il leur devient en tout pareil ?). Pour mieux comprendre l'intransigeance des sculpteurs il faut savoir (et nous le savons grâce à eux) que dans l' « Inde du Nord » le turban était une coiffure préparée à l'avance, ordinairement faite de trois plissés d'étoffe enroulés et fixés par des bijoux autour d'un bonnet conique et, ce qui nous intéresse particulièrement ici, complètement indépendante des cheveux. Regardez le Bodhisattva quand on nous le montre tête nue dans sa chambre à coucher : sa longue chevelure est tout entière massée sur le sommet de sa tête, et c'est par-dessus cette sorte de chignon qu'au moment de sortir se posait l'oushnîsha, comme on fait d'un chapeau. Aussi sur les représentations du Sommeil des femmes, Tchandaka apporte-t-il à son maître sa coiffure toute prête en même temps qu'il lui amène son cheval tout harnaché. Quant au traitement des cheveux,, il était naturellement conforme à la technique grecque des « ondes », et il se maintient tel en passant de la tête du Bodhisattva sur celle du Bouddha accompli. Mais cette entorse donnée à la tradition comme à la coutume courante ne pouvait être qu'un objet de scandale pour les gens moins soucieux de beauté plastique que de conformisme. Entre les critiques des rigoristes et les plaidoyers des esthètes, la fameuse liste des trente-deux marques caractéristiques du grand homme se présenta fort à propos pour suggérer un compromis. On se rappelle qu'elle attribuait à l'enfant-prodige une chevelure régulièrement bouclée ; et comme entre temps elle en était venue à passer pour une description iconographique du Bouddha adulte, l'image de celui-ci put, en tout repos de conscience de ses zélateurs, conserver ses cheveux, à la

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