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0121 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 121 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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LA QUÊTE DE L'ILLUMINATION   II9

artistes peintres le portrait du Bienheureux, ils durent renoncer à dessiner un visage que, le pinceau en l'air, ils ne se rassasiaient pas de contempler. Le Bouddha fit donc apporter une toile sur laquelle il projeta son ombre, et, après avoir fait colorier cette silhouette, il ordonna d'inscrire au-dessous les principaux articles de sa doctrine. C'est là tout ce qu'il importe que la postérité sache de lui.

LE CONGÉDIEMENT DES DIEUX. - Le prince Siddhârtha n'est plus, l'ascète Gaoutama le remplace ; et le voici seul, au sein de l'impassible nature, sans guide ni soutien comme sans sou ni maille, confronté à la fois par sa noble entreprise de salvation et par l'humble, mais pressant souci de sa pitance quotidienne : car avant de philosopher il faut vivre. Nulle part il n'est écrit que son courage ait à aucun moment fléchi ; en revanche il est expressément stipulé qu'il ne compte plus désormais sur aucun secours d'en haut. Ces dieux et ces génies de tout acabit qui sont censés lui avoir jusqu'ici tant facilité les choses et dont la troupe innombrable a cru devoir l'escorter dans son évasion, nous l'avons vu les congédier avant même d'en faire autant pour son écuyer et son cheval. A la vérité nous ne disons pas un définitif adieu à ces évocations de millions de divinités adorantes qui, non contentes de former le fond obligé du tableau dans toutes les scènes de l'enfance et de la jeunesse, prenaient une part active aux événements ; mais elles se feront plus rares et serviront tout juste à meubler le ciel et à en faire pleuvoir des fleurs ou à chanter des louanges. Sans doute aussi Brahma et Indra voudront continuer à servir l'ascète après le prince ; mais s'il consentira parfois à leur accorder leurs requêtes, jamais plus il n'acceptera leurs bons offices ; et quant à Mâra, que son rang divin place entre les deux grandes divinités susnommées, il entrera en lutte ouverte avec lui. Bref, au cours de sa quête de l'Illumination et, à plus forte raison, après l'avoir conquise, il se passera systématiquement de toute assistance surnaturelle. De ce chef aussi il va y avoir quelque chose de changé.

Le point est d'importance et vaut qu'on y insiste. Rien n'est en effet plus conforme aux vieilles idées bouddhiques que cette mise à l'écart des dieux. Tout comme la secte d'Épicure, la primitive Communauté, sans nier l'existence des divinités traditionnelles, était convaincue de leur parfaite inutilité. Pour elle aussi le salut de l'humanité était uniquement l'affaire de l'homme. On peut le tenir pour certain, les perpétuelles interventions célestes que nous avons vues défiler jusqu'ici n'étaient ni de son goût

ni de son invention : seulement la masse des fidèles entendait les choses autrement que les vieux bonzes. Que le Prédestiné eût

atteint tous ses buts idéaux sans aucun secours divin, par la seule force de son intelligence, c'est ce que sur la foi des docteurs elle admettait d'autant plus volontiers que cet exploit le grandissait encore à ses yeux ; mais qu'en revanche les dieux ne se fussent