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0133 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 133 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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LA QUÊTE DE L'ILLUMINATION   131

ceptions de toute époque, depuis le couple initial des plus anciennes cosmologies — le Pourousha mâle et la Prakriti femelle qui à eux deux constituent le monde et qui se survivront dans l'opposition de l'Esprit et de la Nature — jusqu'à des théories singulièrement modernes sur le déterminisme universel. A travers sa séculaire transmission elle reste jusqu'au bout fidèle à ses deux tendances fondamentales. En physique, elle s'ingénie à faire sortir mécaniquement l'univers du jeu d'une série de principes et facteurs naturels ; la célèbre liste bouddhique des douze " conditions, à la fois causées et causantes, nous présentera bientôt un essai encore rudimentaire dans cette même direction. En psychologie, elle s'efforce de discriminer de la façon la plus stricte ce qui est simple rouage de la nature et ce qui est l'esprit pur : et sur ce point également, on a depuis longtemps signalé l'accord des formules du Sânkhya et du bouddhisme. Pour l'un comme pour l'autre ni le déroulement ininterrompu et perpétuellement évanescent de nos états de conscience, ni nos opérations intellectuelles elles-mêmes ne peuvent être considérées comme faisant partie intégrante de l'Ego, si tant est qu'il y en ait un : « ] e ne suis pas cela, cela n'est pas mien, cela n'est pas moi », déclare le Sânkhya ; et l'écho bouddhique répond (infra, p. 208) qu'il n'est pas possible d'en dire : « Cela est mien, je suis cela, cela est mon moi. » A la vérité le Sânkhya classique posera sous le chatoyant mirage de sa Nature naturée et naturante une pluralité d'âmes éternelles, aussi immobiles qu'immuables ; mais qui ne voit qu'à force d'éliminer du Moi tout ce qui n'est pas lui l'on peut aussi bien aboutir à constater l'inexistence de tout résidu stable ? Telle sera en fait la conclusion de la philosophie bouddhique ; et quand le Lalita-vistara dit d'un mot qu'Arâda professait « l'insubstantialité de toute chose », il est permis d'en déduire qu'il enseignait une forme ancienne et aberrante (ou dirons-nous simplement orientale ?) de Sânkhya et que son enseignement n'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Aussi bien possédons-nous sur ce point la confirmation formelle d'Açvaghosha ; et comme en sa qualité de docte brahmane converti au bouddhisme il savait mieux que personne de quoi il retournait, nous devons l'en croire sur parole. Et voilà pour Arâda.

Passons au suivant. La Bhagavad-Gîtd, ce bréviaire du noble guerrier, associe constamment au Sânkhya le Yoga, qu'elle considère comme l'envers pratique des spéculations de la première doctrine ; et en effet le but essentiel de cette « ascèse » (bien connue pour recourir à des postures appropriées, à des exercices respiratoires, à des procédés d'ordre intellectuel et aussi, nous allons y revenir, à des mortifications) est de rendre son adepte complètement maître de soi-même, entendez capable de régulariser à volonté toutes les fonctions de son organisme, aussi bien mental que corporel, voire même de séparer son âme de son corps. Littérairement nous ne connaissons le Yoga que déjà transformé