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0136 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 136 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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134   LE CYCLE DU MAGADHA ET DE B1NARES

rité, compte tenu des difficultés inhérentes au problème. Assurément l'addition de toutes ces probabilités, en dépit du mutuel appui qu'elles se prêtent, ne les transforme pas en vérité historique ; elle nous en donne du moins une proche approximation en même temps qu'elle nous prépare à comprendre le tour que la tradition va donner à la « période douloureuse » de la vie du Maître.

LA PRATIQUE DES MORTIFICATIONS. - Les idées directrices de nos hagiographes et les contradictions où ils s'embarrassent nous sont à présent assez familières pour que nous devinions à l'avance leur plan. Premier axiome : le Bodhisattva est omniscient ; il faut donc, contre toute vraisemblance, qu'en se livrant à des austérités il les sache d'avance vouées à un échec certain ; car s'il en attendait le moindre bénéfice spirituel, il se conduirait comme un simple hérétique, ce qu'aucun vrai croyant ne saurait admettre. Deuxième axiome : le Bodhisattva est supérieur à tous et en tout ; engagé à bon escient dans une voie mauvaise, il se devra donc de pousser ses errements mêmes plus loin que personne ne l'a fait avant lui ni ne pourra le faire après lui. Ainsi qu'il a naguère dans son gynécée vidé jusqu'à la lie la coupe des voluptés, il est nécessaire à présent qu'il épuise dans la retraite tous les raffinements des tortures volontaires connues. C'est à cette condition que, fort de sa double expérience, il sera en mesure de condamner avec une égale assurance aussi bien les excès de l'ascétisme que ceux de la sensualité, et de tracer entre ces deux extrêmes la « voie moyenne » que préconisera au monde la Bonne-Loi.

Ainsi dûment avertis, nous pouvons renouer le fil de notre récit au moment où le Bodhisattva déclare « qu'il en a décidément assez de l'enseignement de Roudraka » et où l'occasion se présente de faire la connaissance de nouveaux personnages qui auront dans la suite un rôle assez important à jouer : « Or, en ce temps-là, les cinq Bhadravargîyas (« Membres de la bande fortunée ») étudiaient sous Roudraka. Ils pensèrent : Ce but vers lequel voilà longtemps que nous nous efforçons et nous évertuons et que nous ne réussissons pas à atteindre, ce çramane Gaoutama l'a sans peine atteint et saisi. Et encore il n'est pas satisfait et cherche au delà. Sans doute il deviendra le précepteur du monde, et, ce qu'il aura découvert, il nous en fera part. Dans cette pensée les Cinq quittèrent Roudraka et s'attachèrent au Bodhisattva. Et c'est ainsi, ô moines, que le Bodhisattva, après avoir demeuré autant qu'il lui plut à Râdjagriha, continua sa tournée dans le Mâgadha avec les Cinq... » Le voici donc reparti, cette fois avec cinq compagnons, en direction du Sud, vers la ville toujours sainte de Gayâ ; et, nous dit-on, tout comme plus tard en Galilée, ceux qui sur la route célébraient une fête ne manquaient pas d'inviter leur petite troupe et de lui donner l'hospitalité. Ils allaient ainsi à pied (le texte dit : « à jambe ») à travers cette belle et riche plaine, du sein de laquelle jaillissent çà et là, isolément, de rocailleuses collines, ordinairement coiffées d'un temple auquel les pèlerins