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0143 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 143 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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LA QUÊTE DE L'ILLUMINATION   141

des cieux. Toutefois l'on aurait tort d'oublier que les moines bouddhiques de la plus stricte observance, fidèles à des pratiques que le Bouddha jugeait surannées, s'imposaient l'obligation de ne se vêtir que de haillons recueillis sur les tas d'ordures ou les lieux-de-crémation et recousus ensemble tant bien que mal. Cette fois encore, jusqu'au milieu de ses effets de surprise et d'attendrissement, le légendaire suit sa pensée de derrière la tête : car le Maître se doit d'avoir donné l'exemple en tout, lors même qu'il s'agit de règles disciplinaires qu'il a finalement amendées.

Cependant, que ce soit ou non sur l'avertissement des dieux, Soudjâtâ (c'est-à-dire Eugénie) qui depuis l'arrivée du beau çramane en ces parages s'était prise pour lui d'un tendre intérêt, prépare avec la crème recueillie sur le lait d'un millier de vaches et avec une poignée de riz nouveau le plus savoureux et nourrissant des mets ; et pendant que cet onctueux mélange cuisait dans une marmite toute neuve, maintes sortes de symboles de bon augure se dessinaient sur la surface au cours de son ébullition. C'est ce gâteau de riz que le Bodhisàttva reçoit comme première aumône quand, le lendemain matin, fort décemment vêtu du costume apporté du ciel, il vient mendier au village sa nourriture. Soudjâtâ insiste pour qu'il accepte en même temps le vase d'or où elle l'a versé, et d'ailleurs il ne peut faire autrement, car (sans doute intentionnellement) les dieux ont jusqu'ici négligé de lui apporter un bol-à-aumônes. Muni de ce viatique, il se dirige tout droit vers la rivière Naïranjanâ pour prendre son bain, et ce bain revêt à bon droit, après six ans d'abstention, une solennité particulière. Divinités des eaux, de la terre et du ciel sont toutes mobilisées pour la circonstance. Elles s'empressent à l'envi de faire pleuvoir des fleurs et de parfumer les flots de la rivière avec de la, poudre de santal. Certaines recueillent même, comme bénite, l'eau qui a touché le corps du Prédestiné ; c'est ainsi qu'aujourd'hui encore à Gayâ les pèlerins boivent avec une componction parfaite l'eau qui s'est sanctifiée en coulant sur les pieds des brahmanes du lieu. En même temps le Bodhisattva se trouve débarrassé, on ne nous dit pas comment, de ses cheveux et de sa barbe, que Soudjâtâ recueille pieusement pour leur élever un sanctuaire. Enfin, il mange son riz au lait (lequel, soit dit entre parenthèses, devra suffire à le soutenir pendant une cinquantaine de jours), et il ne l'a pas plus tôt achevé qu'instantanément il recouvre dans toute sa splendeur sa beauté passée. Quant au vase d'or, il le jette à la rivière où Çakra le dispute et le-ravit aux ondins, et c'est pourquoi les Trente-trois célèbrent chaque année une fête cultuelle en l'honneur de l'écuelle d'or comme de la coiffure du Bodhisattva. Ainsi les mains vides, mais rasé de frais, vêtu de neuf et présentant de nouveau tous les signes caractéristiques du grand homme, c'est déjà sous l'aspect d'un Bouddha accompli que le Bodhisattva se met en marche vers le figuier qui doit abriter l'accomplissement de sa « bouddhification finale » ou Abhisambodhana.