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0150 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 150 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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148   LE CYCLE DU MAGADHA ET DE BÉNARÈS

longue et difficile à obtenir, je ne bougerai pas de ce siège. » Il n'aura pas à en venir à de telles extrémités. Ses études, vite interrompues, lui ont pris une année ; ses infructueuses austérités lui en ont coûté six autres ; son total succès ne va lui demander que vingt-quatre heures. Demain le soleil levant éclairera au lieu d'un ascète parmi bien d'autres un être unique et sans pareil au monde : car c'est un des rares dogmes du bouddhisme qu'en un temps et un univers donnés il ne peut exister qu'un seul Bouddha.

LA SAMBODHI. -- Tout ce que nous avons lu jusqu'ici nous a longuement expliqué comment, sortant de la nuit des temps, un Prédestiné arrive de proche en proche à l'Illumination suprême : mais nous ignorons toujours en quoi consiste celle-ci. Puisque le bouddhisme se flatte d'être une religion sans mystères, il nous doit, sur ce point aussi, des explications, et il faut lui rendre cette justice qu'à aucun moment il ne songe à nous les refuser. Nous allons l'apprendre dans un instant : ce qui fait d'un homme entre les hommes le surhomme supradivin qu'est un Bouddha, c'est qu'il a découvert ce que personne n'avait encore découvert avant lui et qui après lui ne sera plus à découvrir, à savoir le mécanisme de la destinée humaine ; par là même il a trouvé le joint pour remédier à tous nos maux. Là gît le secret de son exceptionnelle grandeur, la raison de la perpétuelle gratitude de ses disciples, la justification de l'adoration de ses dévots ; et il faut bien reconnaître que si pareil service nous avait effectivement été rendu, il mériterait à jamais la reconnaissance de l'humanité tout entière. Ce n'est pas qu'il ne nous arrive à tous, tant que nous sommes, de méditer ou de gémir sur « la vanité des vanités » de ce bas monde ; mais cela ne nous prend guère qu'en passant, quand nous lisons Pascal, ou que nous suivons un enterrement, ou que plus directement encore un deuil cruel nous frappe ; et nous nous dépêchons de penser à autre chose. Ainsi que nous décrit une parabole indienne devenue familière à l'Occident, suspendus au-dessus d'un abîme à une branche d'arbre déjà plus qu'à demi rompue, nous ne nous préoccupons dans notre folie (ou ne sèrait-ce pas après tout sagesse ?) que de recueillir sur les feuilles quelques gouttes d'un miel à l'arrière-goût plus ou moins amer, plaisirs, amour, ambitions mondaines. Le Bouddha Çâkya-mouni est venu pour nous dénoncer ce que notre situation a de précaire, son dénouement de fatal, et notre insouciance d'insensé. Impermanence, Douleur, Irréalité, il va faire de ces trois idées les principes cardinaux de sa doctrine. C'est la litanie de nos inévitables souffrances qu'égrènent les Quatre nobles vérités, prémices de sa prédication ; c'est cette désespérante instabilité et « vacuité » des phénomènes qu'énonce le quatrain qui est devenu le credo de ses sectateurs. Tout cela va nous être exposé, mais en termes indiens et en formules techniques dont il est difficile de saisir à première lecture le sens plein. Quand le roi indo-grec Ménandre se fait expliquer par le révérend Nâgasêna les subtilités de la Bonne-Loi, à