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0158 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 158 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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156   LE CYCLE DU MAGADHA ET DE BÉNARÈS

êtres dans son perpétuel circuit. Heureuse ou malheureuse, la destinée de chacun n'est, on s'en souvient, que le fruit de ses actions passées, et il n'a à en féliciter ou à en blâmer que lui-même. La grande loi du karma ne souffre d'exception pour personne ; et si nous l'avons vue un instant fléchir en faveur du Bodhisattva ce n'était que sur une simple question de procédure. Puisque Mâra occupe un rang aussi exalté dans la hiérarchie des dieux, il ne peut le devoir qu'à ses bonnes oeuvres passées, et il l'occupera tant que ses mérites ne seront pas épuisés. Il faut bien après tout que quelqu'un fasse le haut et triste métier de meneur de la ronde des renaissances, et l'on ne saurait le lui imputer à crime, puisqu'il ne l'a pas choisi. Ainsi s'explique la clémence dont les Écritures bouddhiques, tout en abominant son rôle, font preuve à l'égard de sa personne. Bien loin qu'il soit irrémédiablement damné ou condamné comme Satan ou Ahriman, il est entendu qu'un jour viendra où Mâra se convertira et sera sauvé : car le génie de la vraie Inde est pure miséricorde.,

LE CONFLIT DE MARA ET DU BODHISATTVA. - Quelle infinité de choses ne doit-il pas apprendre à connaître, celui qui veut entrer dans l'intelligence d'une religion au sein de laquelle il n'est pas né ! Nous avons suivi le Bodhisattva depuis les apprêts de sa naissance, nous venons de tourner longuement autour de la figure de Mâra, et c'est tout juste si nous commençons à nous sentir en état de lire et de comprendre les récits, d'ailleurs aussi insipides qu'embrouillés, qu'on va nous faire de leur conflit. Tout d'abord il faut nous souvenir que le Bodhisattva est seul, absolument seul, assis, les mains vides et reposant dans son giron, au pied de son arbre et sur sa jonchée d'herbe. Non seulement ses cinq compagnons l'ont abandonné comme un prophète avorté, mais les dieux, ses ordinaires comparses, à l'approche de la lutte décisive, se sont prudemment éclipsés, et ils ne reparaîtront que pour chanter une victoire où. ils n'auront pris aucune part. En second lieu nous savons déjà que cette lutte précède l'arrivée à l'Illumination : tous les textes y insistent, et c'est le seul point sur lequel les deux adversaires tombent d'accord. Mâra sait bien qu'il n'aurait aucune chance de triompher d'un Bouddha parfaitement accompli ; et de son côté le Bodhisattva tient à accepter le combat avant que l'issue n'en soit d'avance acquise. D'après le Lalita-vistara, il aurait même lancé une sorte de cartel à son rival sous la forme d'un rayon lumineux qui, issu de son ofirnâ (c'est-à-dire du signe caractéristique qu'il porte entre les sourcils), serait allé provoquer Mâra jusque dans son palais céleste. Enfin nous avons prévu que le conflit comporterait tantôt une agression à main armée, tantôt une simple tentative de séduction. Notons toutefois que, dans ce cas particulier, il ne s'agit pas seulement d'une tentation du genre de celle que nous venons de citer, et qui se répète en mainte occasion : cette fois le scénario indien rappelle invinciblement la façon dont hagiographes et

 

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