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0162 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 162 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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i6o   LE CYCLE DU MAGADHA ET DE BÉNARÈS

ment où l'attentat du Satan bouddhique se transforme en tentation : mais ici données populaires et arrière-pensées monastiques sont si intimement mêlées qu'il nous faut renoncer à dédoubler ce deuxième tableau ainsi que nous venons de faire pour le premier. Le vieux fond folklorique transparaît de la façon la plus claire. Les austérités des antiques rishis, ainsi que nul n'en ignorait, leur conféraient de tels ' pouvoirs magiques que les dieux sentaient vaciller sous eux leurs trônes et n'avaient d'autre ressource que de leur décocher les plus charmantes nymphes du ciel ; car une fois séduits, ils perdaient leur puissance en même temps que leurs mérites et n'étaient plus des concurrents à redouter. Il est donc tout naturel que, désappointé dans sa tentative d'extermination ou tout au moins d'intimidation, Mâra songe à faire entrer en lice ses filles : leurs charmes pourront réussir où les armes ont échoué. Dociles aux injonctions de leur père, elles s'approchent donc à leur tour du Bodhisattva et déploient en sa faveur « la magie des femmes ». Celle-ci n'a pas changé. Ce ne sont que sourires ou soupirs, regards mi-clos ou oeillades en coulisse, mines tour à tour provocantes ou pudiques, joyeuses folies ou subits accès de retenue. Les unes se dévoilent dans des poses lascives ; les autres, plus expertes, restent à demi voilées ; et comme tous les goûts sont dans la nature et qu'il faut tout prévoir, les unes affectent les formes graciles de jeunes filles à peine pubères tandis que d'autres étalent des maturités exubérantes, etc... Toutes chantent le retour de la saison printanière et invitent l'ascète à se hâter de jouir avec elles de sa jeunesse, et toutes èn sont, il va de soi, pour leurs frais : mais qui aurait pu croire notre dévot auteur aussi expert en matière de coquetterie féminine ? — Ne vous scandalisez pas trop vite : c'est pour votre gouverne qu'il a emprunté à quelque manuel d'érotique (l'Inde, a des manuels pour tout) la description des trente-deux sortes de manigances de ces diablesses que sont les femmes. Il sait d'ailleurs fort bien que les trois filles de Mâra ne sont que des figures allégoriques, ainsi qu'en témoignent leurs noms, Plaisance, Déplaisance et Concupiscence.

L'ARRIVÉE A L'ILLUMINATION. — Mais trêve à toutes ces fictions, qu'elles soient mythologiques ou allégoriques : il est grand temps de se mettre à parler raison. Par la dispersion de l'armée de Mâra et la confusion de ses filles entendons donc avec les clercs que tous les bas instincts, toutes les mauvaises pensées, tous les germes de péché sont totalement extirpés du coeur du futur Bouddha et que le terrain moral est admirablement préparé pour l'éclosion de la fleur merveilleuse de la Sambodhi. Entre temps le soleil s'est couché ; mais à l'horizon opposé se lève la pleine lune d'avril et elle baigne de sa clarté les feuillages, la rivière prochaine et les villages endormis. Seul le penseur solitaire veille, plus que jamais déterminé à découvrir ce secret de la destinée qui avant lui a toujours échappé aux hommes comme aux dieux. Ins-

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