National Institute of Informatics - Digital Silk Road Project
Digital Archive of Toyo Bunko Rare Books

> > > >
Color New!IIIF Color HighRes Gray HighRes PDF   Japanese English
0169 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 169 (Color Image)

New!Citation Information

doi: 10.20676/00000286
Citation Format: Chicago | APA | Harvard | IEEE

OCR Text

 

~

1 k

L' ILLUMINATION   167

qui commandent son existence présente et aboutissent à perpétuer sur la terre « vieillesse et mort ».

Ainsi la formule et ses douze chaînons deviennent de bout en bout intelligibles ; mais il est impossible de dissimuler que nous venons de mettre ingénument le pied sur un nid toujours grouillant de couleuvres dialectiques. Tout d'abord n'est-il pas sacrilège de notre part de poser ainsi au début de la série un élément déclaré inconnaissable et d'assigner par là une limitation à l'omniscience du Prédestiné, alors que la croyance en cette omniscience est un article de foi pour tous ses fidèles ? Ce serait proprement nier le miracle que nous sommes en train de décrire et ruiner les assises mêmes de la Bonne-Loi en insinuant que la parfaite Illumination, pour s'être heurtée en cours de route à un obstacle infranchissable, est demeurée en réalité imparfaite. Sans doute nous pourrions alléguer après d'autres que, justement parce que le Bouddha savait tout, il n'a jamais trouvé le temps de tout dire. Lui-même aurait pris soin d'en avertir ses disciples : au cours d'un de leurs entretiens journaliers il a une fois ramassé sur le sol quelques-unes des feuilles tombées de l'arbre qui les abritait et il leur a demandé quelles étaient les plus nombreuses de celles qu'il tenait dans sa main ou de celles qui formaient une épaisse frondaison au-dessus de leur tête : de même a-t-il découvert plus de choses qu'il n'en a énoncées. Mais cette excuse serait vite rejetée comme inacceptable : car nul n'ignore que le Bienheureux n'était pas de ces maîtres qui gardent jalousement la main fermée sur une partie des vérités qu'ils détiennent et refusent à leurs auditeurs le fond dernier de leur pensée. Comment dès lors expliquer qu'il n'ait jamais consenti à rien enseigner de précis non seulement sur les origines, mais (complication plus grave encore) sur les fins dernières de l'homme ? Ce n'est pourtant pas faute que des questions directes ne lui aient été posées par des gens dont les textes nous ont transmis les noms. Tantôt c'est l'ascète hétérodoxe Vacchagotta, tantôt un de ses propres moines, appelé le Fils-de-Mâlounkyâ, qui l'interroge ; et les problèmes, que chacun d'eux lui pose en termes identiques, manquent d'autant moins d'intérêt qu'on en discute toujours : « Le monde extérieur est-il réel ou non ? Est-il éternel ou non éternel ? Est-il fini ou infini ? Le corps et l'âme sont-ils choses identiques ou distinctes ? Le moi personnel est-il ou n'est-il pas immortel ? Les saints, à commencer par le Maître lui-même, continuent-ils ou non à vivre après la mort ? En d'autres termes, le Nirvâna, qui. est le but final auquel aspirent tous les êtres s'ils sont sages, doit-il être défini comme Béatitude éternelle ou comme Néant absolu ? » ... A cette question capitale ainsi qu'à toutes les autres le Bouddha se refuse à répondre par oui ou par non. Et peut-être penserez-vous avec le moine curieux que ce silence systématique ne vous plaît pas et que, faute d'une réponse nette, il ne reste plus qu'à jeter le froc aux orties et la dogmatique bouddhique au rebut.