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La Vie du Bouddha : vol.1 | |
仏陀の生涯 : vol.1 |
172 LE CYCLE DU MAGADHA ET DE BÉNARÈS
ultime de ses cogitations comme de ses sacrifices et devenu cet être unique et sans pareil qu'est un Bouddha. Un cri de triomphe lui échappe ; le Lalita-vistara veut même que, daignant à titre exceptionnel exhiber ses pouvoirs magiques, il procède à un exercice de lévitation. A ce signe les dieux connaissent sa victoire et, s'empressant d'accourir, font pleuvoir sur lui tant et tant de fleurs célestes que la litière en monta jusqu'au genou ; après quoi chaque catégorie divine, à commencer par la plus élevée, vient par ordre hiérarchique lui tourner un compliment en vers : matière à tout un chapitre. Mais ceci à d'autres. La question qui se pose pour nous rend un son bien différent : y avait-il vraiment là de quoi tant crier au miracle ? Que le bouddhisme soit une grande religion et que la formule de « la Production en dépendance mutuelle » en soit le fondement dogmatique, nul n'en disconvient ; mais il faut bien avouer que, telle qu'on vient de la lire dans une traduction aussi littérale que possible, cette formule paraît à première vue d'une simplicité quasi enfantine. Répétons-le : ce n'est à aucun degré un raisonnement déduisant logiquement une série de concepts abstraits contenus les uns dans les autres ; ce n'est qu'une liste de constatations de fait, associées de façon aussi diverse que lâche par un certain lien de dépendance réciproque, et ne présentant de rigoureux que l'ordre dans lequel elles sont rangées. Assurément (et c'est ce que nous nous sommes attaché à faire ressortir ci-dessus) pour remonter de l'une à l'autre et en fixer la succession, il a fallu non seulement une force d'âme capable de regarder les faits en face, mais encore une élévation de pensée permettant de contempler de haut leur déroulement « ainsi que du sommet d'une montagne on voit les gens s'agiter dans la plaine » ;_ et, après tout, la possibilité de les faire passer et repasser dans les deux sens fournissait au Bodhisattva tous les éclaircissements jugés par lui nécessaires à ce qui fut, semble-t-il, son premier dessein, lequel n'allait qu'à diagnostiquer d'après le processus du mal la marche à suivre pour y porter remède. Il n'empêche que les exégètes, tant asiatiques qu'européens, n'ont pu admettre que le Bodhisattva dans son insondable sagesse n'ait abouti qu'à aligner une suite de truismes.
Il est en effet trop évident à qui les récapitule que l'on ne mourrait pas si l'on n'était pas né ; que l'on ne naîtrait pas s'il n'existait déjà un couple et qui s'accouple ; qu'encore faut-il que le désir lui en vienne, et que celui-ci ne peut lui venir qu'à condition de percevoir ce qui en sera l'objet que la sensation, à son tour, suppose des sens, leur contact avec le monde extérieur et un organisme psycho-physique animé par un principe spirituel conscient, lequel sort, tout modelé à l'avance, d'un passé dont la connaissance nous échappe : tout cela se tient, et l'énoncé en est à la portée de toutes les intelligences : il ne s'agissait que de s'en aviser. Mais les scoliastes, persuadés comme les auteurs des vieilles Oupanishads que « les dieux n'aiment pas ce qui est clair»,
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