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0176 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 176 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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174.   LE CYCLE DU MAGADHA ET DE BÉNARÈS

lequel jette (l'homme fait) dans les diverses activités de l'existence (Io). — III. C'est le karma accumulé par ces activités qui produit à son tour la (nouvelle) naissance (i I), laquelle produit la vieillesse et la mort (iz). Bref, à coup de parenthèses on finit par prêter un sens à la formule prise à rebours, et même à en rejoindre tant bien que mal les deux bouts, ainsi qu'il sied pour rétablir le cycle perpétuel de la Roue ; et les sectes mahâyâniques inventeront entre les divers chaînons des combinaisons encore plus subtiles.

Ainsi les disciples dénaturent parfois, sous prétexte de les approfondir, les enseignements qu'ils ont reçus. Nous ne nous serions pas attardés à montrer comment ces ratiocinations scolastiques compliquent indûment la simplicité primitive de la formule si elles ne risquaient d'obnubiler à nos yeux ses plus importantes conséquences et de nous faire oublier comment son inventeur a immédiatement greffé sur sa vision pragmatique de l'origine de la douleur humaine sa conception métaphysique de l'univers. Philosophe autant que poète, Açvaghosha a mieux que personne restitué dans sa plénitude la démarche de pensée de son Maître. Lui aussi veut que le Prédestiné ait commencé par contempler dans son esprit « comme dans un miroir sans tache » ce qu'il appelle comme nous « la ronde de la roue du monde », tournant sous l'instigation implacable du fouet du karma ; lui aussi le fait dévider la série des « occasions » qui, dans leur ordre invariable, épellent les étapes successives de toute destinée humaine ; mais il lui fait découvrir par la même occasion les trois qualifications caractéristiques de ce Devenir, qui ne connaît ni commencement ni achèvement, ni cause première ni cause finale, ni destination ni création. A la vue du tourbillon sans fin des renaissances, le futur Bouddha se sent dés l'abord envahir d'une immense compassion pour les souffrances qui affligent fatalement tous les êtres, en quelque catégorie qu'ils soient renés. Les damnés, comme chacun sait, subissent dans les enfers d'indicibles tortures. Qu'elles habitent la terre, les airs ou les eaux, les bêtes sauvages passent leur temps à se dévorer les unes les autres, tandis que les bêtes domestiques sont astreintes aux plus pénibles corvées ; et tout le règne animal — les Indiens disent « horizontal », par contraste avec l'homme, qui seul a su se dresser verticalement sur ses pieds et relever la tête — appréhende sans trêve d'être tué soit pour sa chair, soit pour sa peau, soit pour sa fourrure ou ses plumes, soit enfin par cruauté pure ou simple désoeuvrement. Les Prêtas ou Larves (littér. Trépassés), ces sortes de revenants dotés d'un ventre énorme et d'une bouche aussi fine qu'un chas d'aiguille, ont beau fouillér les tas d'ordures, ils expient par une « faim et soif » lancinante et toujours inassouvie l'avarice dont naguère ils se sont montrés coutumiers. Quant aux humains, il n'est aucun d'entre eux qui tarde à éprouver combien il eut raison quand il a, comme ils font tous, pleuré de naître ; et