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0178 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 178 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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176   LE CYCLE DU MAGADHA ET DE BÉNARÉS

nal, de vivants souvenirs et de poétiques fictions qu'ont élaborée les bouddhistes en prétendant retracer les phases de la quête et de la conquête de l'Illumination par le surhomme dont ils ont fini par faire un super-dieu. Comme l'Abhisambodhana marque le point culminant de la carrière du Bouddha et représente le plus sensationnel de ses quatre Grands miracles, il s'ensuit que le petit village d'Ourel et, plus précisément, le site dit de « BodhGayâ », qui en fut indubitablement le théâtre, demeure pour ses centaines de millions de zélateurs la plus sainte de leurs places saintes. Ironiques hasards de l'histoire : eux non plus ne possèdent pas le lieu le plus sacré à leurs yeux. Les Musulmans ont passé là : dans les dernières années du mie siècle, toujours pleins d'une rémunératrice horreur de l'idolatrie, ils ont saccagé et pillé le Magadha, mettant tout à feu et à sang ; et, en dévastant le pays des sanctuaires bouddhiques (vihâra), ils ont réussi du même coup à lui imposer son nouveau nom de Bihâr et à en extirper le bouddhisme. La rizière désertée retourna à la djangle ; c'est seulement au cours du xviiie siècle qu'un religieux hindou, appartenant à une secte vishnouïte (d'ailleurs vêtue de la même couleur jaune que les bonzes) s'installa dans cette brousse, se fit octroyer par un petit râdja local une large donation de terre, et fonda un math — entendez un grand établissement moitié couvent, moitié exploitation agricole, lequel est toujours en pleine prospérité. Avec l'avènement de la paix anglaise et la facilité croissante des communications, les pèlerins bouddhistes rapprirent peu à peu le chemin longtemps délaissé de l'arbre de la Bodhi. En 1874. le roi de Birmanie, alors souverain indépendant, reprenant une tradition interrompue depuis le xie siècle, fit même exécuter quelques réparations dans le grand temple à demi ruiné. Se piquant d'honneur le Service archéologique de l'Inde entreprit l'exploration du site. On exhuma le « trône-dediamant », on redressa en partie l'antique balustrade ; on remit au jour quantité de petits stoupa votifs qui se pressaient, comme tombes dans un cimetière, autour du sanctuaire principal ; on restaura même ce dernier et on le badigeonna de jaune, pour lui donner plus de couleur locale ; on rétablit sur l'autel une ancienne statue découverte dans les fouilles et qui, comme la miraculeuse idole de jadis, représentait le Bouddha dans le geste de toucher la terre pour la prendre à témoin ; bref on y dépensa, dit-. on, deux lakhs de roupies (soit environ 350.000 francs or) ; après quoi l'on se demanda ce qu'on allait en faire.

Or, dans l'intervalle, grâce à la diffusion par les collèges universitaires des connaissances historiques, une association néobouddhique s'était constituée à Calcutta sous le nom de Mahâbodhi Society et avait conçu l'ingénieuse idée de s'approprier le temple remis à neuf. Rien d'ailleurs de plus équitable en théorie que de voir ce dernier revenir aux bouddhistes. Mais de leur côté les pèlerins recommençaient à affluer, les mains pleines d'of-