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0181 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 181 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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CHAPITRE VII

LA PREMIERE PRÉDICATION

L'Illumination s'est faite dans l'esprit du Bodhisattva en même temps que le jour se levait au firmament ; et, par un rare privilège — dont, nous assure-t-on, nous ne saurions assez remercier le destin — notre âge du monde a vu un Bouddha éclore, le terme de son évolution multimillénaire étant échu de notre temps. Mais ne faisons pas comme les dieux et ne nous hâtons pas trop de crier victoire : car nous sommes encore censés ignorer quelle espèce de Bouddha nous est née. N'oublions pas qu'il en est de deux sortes : il y a ceux qui conservent jalousement par devers eux leurs intuitions salvatrices et qui, selon le mot qu'on prête à Fontenelle, ayant la main pleine de vérités, se gardent de l'ouvrir ; il y a au contraire ceux qui se font un devoir de révéler à tous les êtres le secret qu'ils ont découvert et de les guider sur le chemin nouvellement frayé de la délivrance. Il y a ceux qui se taisent et ceux qui prêchent, les égoïstes et les altruistes, les individualistes et les universalistes, en termes techniques les Pratyéka-Bouddha et les Samyak-Sambouddha. Il ne paraît pas difficile de deviner pourquoi les docteurs bouddhiques avaient institué cette division de leurs sages supérieurs en deux classes séparées. Il fallait bien que dans leur système il y eût une place réservée aux vénérables rishis de la légende traditionnelle, de même que le paradis chrétien se devait de s'ouvrir aux anciens patriarches bibliques apparus en ce monde avant la venue du Christ. Mais comme ils éprouvaient en même temps l'impérieux besoin d'établir sans conteste la supériorité et l'unicité de leur Maître, ils y avaient pourvu par un autre dogme. C'est une règle que dès qu'est annoncée la prochaine apparition d'un Bouddha parfait, tous les Bouddhas imparfaits doivent disparaître et entrer sans plus tarder dans le Nirvâna. Aussi nous conte-t-on que, dès avant la descente du Bodhisattva sur la terre, des dieux déguisés en brahmanes parcouraient l'Inde en exhortant les Pratyêka-Bouddha à laisser la place libre au futur Çâkya-mouni : « Videz les lieux, leur disaient-ils, car dans douze ans le Bodhisattva entrera dans le sein de sa mère... » et les sages solitaires ne se le faisaient pas répéter deux fois. Il faut d'ailleurs reconnaître qu'on leur laissait tout le temps de prendre leurs dispositions dernières. Le terrain ainsi « vidé » devant le Maître, la situation