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0187 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 187 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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LA PREMIERE PRÉDICATION   I85

et bientôt si encline à nous entretenir des fréquentations royales du Maître, se plaît pour l'instant à souligner son caractère d'obscur religieux mendiant, en ne le mettant en relations qu'avec les hôtes, sédentaires ou passagers, de sa rustique retraite : si bien qu'on se demande si l'on a affaire à une recherche de vraisemblance ou à la permanence d'un souvenir exact. Les textes s'étendent d'ailleurs avec une égale complaisance sur chacun des deux repas entre lesquels s'encadre l'acquisition de la Clairvoyance et qui rompirent tour à tour, l'un le jeûne des six ans d'austérité et l'autre celui des sept semaines de félicité pure. Comme il faut toujours qu'un peu de merveilleux se mêle aux actes les plus simples, il reste aux dieux cette chance de fournir au Bienheureux, à défaut de sa nourriture, le récipient dans lequel il lui sera permis de la recevoir. Il faut en effet savoir que, du fait de son Illumination, le Bouddha se trouve instantanément et spontanément ordonné moine bouddhique, et par suite soumis d'avance aux règles qu'il édictera plus tard pour les membres de sa communauté. Or les statuts de l'ordre veulent qu'un bhikshou ne puisse accepter aucune offrande de la main. à la main, mais seulement si elle est déposée par le donneur au creux d'un bol à aumônes, — l'un des rares ustensiles de ménage que, dans son total dénûment, il lui faille posséder à cet effet. Mais vous vous souvenez que le Bienheureux, après avoir mangé le gâteau de riz de Soudjâtâ, s'est débarrassé du vase d'or qui le contenait en le jetant à la rivière, d'où l'ont repêché les dieux. Il se retrouve donc les mains vides, et son embarras serait grand si les déités les plus voisines de ce bas monde, à savoir les Quatre rois gardiens des quatre points cardinaux, n'accouraient immédiatement à son aide et ne lui apportaient le vase à aumônes requis. Bien entendu ce vase sera censé celui qui lui servira désormais pour ses tournées journalières de mendicité, et, après l'Ultime trépas, sera vénéré en souvenir de lui. Et voici que çe mythe même comporte une parcelle de réalité, puisque, en fait, le Bouddha s'est servi quotidiennement d'une sébile et que la vénération publique de ce Saint-Graal du bouddhisme — authentique ou non — nous est historiquement attestée mille ans et plus après sa mort. Inextricable enchevêtrement de données vraies, vraisemblables, ou évidemment fictives ! Les poètes sanskrits prêtent à la belle oie sauvage indienne le don de séparer le lait de l'eau, si intime qu'en soit le mélange : quel historien découvrira le secret de démêler dans pareille mixture de faits réels et fabuleux la part exacte des uns des autres ? Faute d'un tel talisman, force est de nous abandonner une fois de plus au fil des textes et de nous borner à distinguer les différents moments de l'épisode.

Donc deux riches marchands, deux frères, Trapousha et Bhallika, vont faire leur entrée en, scène pour une apparition unique et d'ailleurs fort brève. Ils mènent à leur suite une grande caravane de cinq cents chars à boeufs — véhicule lent, mais robuste,