National Institute of Informatics - Digital Silk Road Project
Digital Archive of Toyo Bunko Rare Books

> > > >
Color New!IIIF Color HighRes Gray HighRes PDF   Japanese English
0194 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 194 (Color Image)

New!Citation Information

doi: 10.20676/00000286
Citation Format: Chicago | APA | Harvard | IEEE

OCR Text

 

192   LE CYCLE DE MAGADHA ET DE BÉNARÉ6

fois prise, sa mise à exécution ne souffre aucun retard ; mais, pour prêcher, il faut des auditeurs : à qui le nouveau Bouddha va-t-il adresser sa première prédication ? Dans les idées indiennes son devoir est de penser d'abord à sa mère, puis à son père, puis à ses anciens précepteurs. Tel se, présente en gradation descendante, l'ordre de ses obligations de reconnaissance ; et la preuve en est qu'à Bodh-Gayâ même un sanctuaire commémoratif marquait la place où Çâkya-mouni, aussitôt après son Illumination, avait commencé par endoctriner sa mère, descendue tout exprès de son ciel. Pleins de mépris pour les liens de la famille, que tous ils ont impitoyablement brisés, les bonzes n'ont pas enregistré dans les textes cette réaction spontanée de la conscience populaire et renvoient froidement à plus tard la conversion de Mâyâ, déjà morte, comme de Çouddhodana, encore vivant. A Roudraka et Arâda, sans doute à titre de confrères, ils témoignent plus d'égards et consentent à évoquer tout de suite leur cas : mais comme il était convenu • que les premiers prosélytes du Bouddha avaient été ses cinq condisciples et non ses deux anciens professeurs, ils se débarrassent de ceux-ci en les déclarant morts, le premier depuis sept jours, le second depuis trois : « Grand dommage pour eux », déclare le Bienheureux ; et tout naturellement sa pensée se reporte alors vers les « Cinq de la bande fortunée », qui l'ont tout récemment abandonné quand ils

   l'ont vu renoncer à ses austérités. Parcourant de son regard ma-   +

   gigue toute l'étendue de l'Inde, il les- aperçoit qui se sont retirés   t

   dans un ermitage voisin de Bénarès, et immédiatement il décide   C

d'y aller les rejoindre. — Telle est du moins la tradition établie : qu'en faut-il 'penser ? D'une part l'affabulation du récit orthodoxe ne manque pas de vraisemblance : il est bien évident que ces cinq âmes, avides de révélations nouvelles et habituées aux méditations philosophico-religieuses, sont à la fois, comme il est écrit,

   de celles qui sont le mieux préparées à comprendre la doctrine et   t

   de celles qui ont le plus à perdre si celle-ci ne leur est pas corn-   8

muniquée ; puis, toujours magnanime, Çâkya-mouni a dû con-

   server pour eux quelque amitié ; et peut-être aussi (qui lira jus-   k
qu'au fond des coeurs ?) a-t-il hâte de tirer de leur abandon prématuré une éclatante revanche. Mais, d'autre part, il est surprenant de lui voir imposer après un long jeûne un pédestre voyage

   de près d'une centaine de lieues avant de l'autoriser à ouvrir la   1
bouche sur les découvertes dont son esprit est plein ; plus sur-

   prenant encore de constater qu'il lui faille, aussitôt après, revenir   E

sur ses pas de Bénarès à Bodh-Gayâ où l'attend un succès numériquement beaucoup plus considérable, mais extrêmement laborieux. Aussi est-il permis de se demander, au risque de tenir des propos sacrilèges, si le sermon de Bénarès fut vraiment le pre-

mier qu'ait prononcé le nouveau Bouddha, ou seulement le pre-

mier qui lui ait gagné des convertis ; sur les précédentes tentatives de prosélytisme du Maître, la légende aurait fait le silence,