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0195 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 195 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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LA PREMIÈRE PREDICATION   193

pour la raison qu'elles seraient restées infructueuses, et tant de tergiversations et d'allées et venues dissimuleraient mal ces premiers échecs. — Autre chose est de poser la question et autre chose d'y répondre : car qui ne voit que la singularité même de la version traditionnelle peut être aussi bien considérée comme attestatrice d'exactitude quasi historique que comme dénonciatrice de forgerie concertée ?.Une fois de plus plaignons les historiens qui, bien que démunis de critériums de précision, sont chargés de fixer la fuyante incertitude des affaires humaines : car vraisemblance et invraisemblance peuvent être, aussi bien l'une que l'autre, surtout en matière religieuse, tantôt le visage du vrai et tantôt le masque du faux.

SUR LA ROUTE DE BÉNARÈS. - De toutes manières il nous faut accompagner à présent notre héros dans sa marche vers la fameuse ville sainte qui, limitrophe à la fois des pays orthodoxes « du Milieu » et de ceux mal brahmanisés de l'Est, était sans doute déjà le rendez-vous de tous les inventeurs de religions nouvelles. Chose curieuse à noter (et qui n'est peut-être pas sans rapport avec les réflexions qui précèdent sur les difficiles débuts du nouveau prophète), ce voyage est marqué, de l'aveu même de la légende, par deux épisodes dont l'un se clôt et dont l'autre s'ouvre par une rebuffade à son endroit. Le premier de ces incidents intervient, dès la mise en route, sur le court trajet d'une dizaine de kilomètres qui sépare Bodh-Gayâ de Gayâ. Le Prédestiné se trouve croiser un Adjîvaka, c'est-à-dire un religieux mendiant comme lui, mais appartenant à une secte qui restera l'une des plus âpres rivales de celle qu'il se propose lui-même de fonder. Cet Oupaka (car nous savons son nom) engage la conversation, fait compliment à son confrère sur l'éclat et la pureté de son teint comme sur l'air de sérénité que respire toute sa personne, et lui demande : « Quel est ton maître ? » Çâkya-mouni lui répond :.« Je n'ai ni maître ni égal je suis un parfait Bouddha. » Et l'autre s'étonne et se récrie : « Tu ne vas tout de même pas prétendre que tu sois un saint ? » Et le Bienheureux de répondre : « Un saint, je le suis, en tant que suprême. précepteur du monde ». De plus en plus surpris, et usant du terme employé dans sa communauté, comme dans celle des Djaïnas, pour désigner un Sauveur, l'interlocuteur reprend : « Tu ne vas tout de même pas prétendre que tu sois un « Djina (un Vainqueur) ? » Et Çâkya-mouni déclare qu'il est en effet le Vainqueur, car il a vaincu toutes les inclinations perverses. Sur quoi l'autre se contente de lui demander, avec la coutumière indiscrétion orientale : « Où vas-tu de ce pas, révérend Gaoutama ? » — « Je vais à Bénarès pour éclairer l'aveuglement du monde et faire tourner la Roue d'une nouvelle Loi ». — « Fort bien, Gaoutama », et, ayant ainsi parlé, l'Adjîvaka continua sa route vers le Sud et le Prédestiné vers le Nord... »

Eh quoi, dira-t-on, voilà tout le succès que rencontrent les emphatiques déclarations du Bouddha ! Son interlocuteur s'en

 
       

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