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0196 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 196 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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194   LE CYCLE DU MAGADHA ET DE BfiNARÈS

émeut si peu qu'au lieu de s'attacher à ses pas, il lui tourne le

dos et poursuit son chemin dans une direction opposée. Qu'y a-t-il

là d'édifiant ? — Il y a ceci qu'en ce lieu, pour la première fois,

Çâkya-mouni a proclamé de sa propre bouche devant un autre

homme sa nouvelle et- suprême dignité en même temps que son

dessein bien arrêté de sauver le monde : c'est là ce qui intéresse

les fidèles et fait que la place où ont été prononcées ces mémorables paroles leur a paru digne d'être marquée par un

sanctuaire spécial, lequel à son tour en a perpétué le souvenir. Le reste n'est que détail négligeable, et peu importe que l'Adjîvaka n'ait pas compris son bonheur. Il ne perdra d'ailleurs rien pour attendre. Nous connaissons par la tradition singhalaise ce qu'il est advenu de lui. Ne s'avise-t-il pas dans le pays du Sud où l'ont conduit ses pas de s'éprendre d'une fille de basse caste ? Dans son amoureux délire, il se couche par terre sur le ventre, refuse de bouger ou de manger — bref fait la grève de la faim, selon la vieille coutume indienne, jusqu'à ce qu'on lui accorde l'objet de sa flamme. Mais bientôt, écrasé de besognes et abreuvé d'outrages par sa femme et ses beaux-parents, il ne sait vraiment plus à quel saint se vouer. C'est alors qu'il se souvient du jeune et beau religieux qu'il a naguère rencontré près de Gayâ. Il se remet donc en route vers le Nord et réclame le Bouddha à tous les échos jusqu'à ce qu'enfin il le retrouve, se convertit à lui et est reçu dans son ordre. Ainsi tout s'arrange, et ce supplément d'histoire prouve suffisamment les deux choses qu'il s'agissait de démontrer, à savoir que le religieux Oupaka était encore obnubilé par ses passions lors de sa rencontre avec le Maître, et que le privilège d'avoir reçu la première confidence du Prédestiné valait bien tout de même de ne pas mourir sans être sauvé.

Revenons au Bouddha, d'autant qu'il semble que nous soyons en état de relever la route qu'il a suivie. La distance à vol d'oiseau entre Gayâ et Bénarès n'est guère que de.2oo kilomètres dans la direction générale de l'Ouest ; mais, nous dit-on, le Prédestiné marche vers le Nord. Les textes croient mime savoir,le nom de ses premières étapes et des hôtes plus ou moins mythiques qui lui ont chaque soir offert le vivre et le couvert. Toutefois ils ne sont d'accord que sur un point, à savoir que le cinquième ou sixième jour il atteignit le Gange. Comme il n'a pu humainement couvrir, selon l'usage, que 25 à 3o kilomètres par jour, le chemin parcouru représente bien les 15o kilomètres qui séparent effectivement Gayâ du grand fleuve, à la condition de s'y rendre droit au Nord. Si le Maître avait pris la direction normale de l'Ouest, il aurait dû compter plus du double d'étapes avant d'arriver au bord du Gange ; il est vrai que du même coup il se serait trouvé à destination. Les textes, nos seuls guides valables (valables pour ce qu'ils valent) suggèrent donc que le Bouddha aurait fait un grand détour et commencé par traverser du Sud au Nord le Magadha pour aller rejoindre au plus court la grand-route, la