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0199 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 199 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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LA PREMIÈRE PRÉDICATION   197

déblaiement se faisait au panier -- méthode lente, mais qui a l'avantage que toute pelletée de terre est remuée à fond. Des coulis des deux sexes et de tout âge se suivaient en longues files et chacun, après avoir vidé sa corbeille de déblais, recevait de la main d'un contremaître une kaouri (orth. anglaise : cowrie), c'est-à-dire un petit coquillage, monnaie infinitésimale ne valant pas même deux millimes de franc-or, mais qui avait encore néanmoins pouvoir d'achat au bâzâr : il fallait seulement chaque matin en faire venir un plein char à boeufs de chez les changeurs de la cité. Les nombreux objets d'art exhumés par ces patientes recherches, fragments d'architecture, bas-reliefs, statues et terres cuites, ont trouvé un abri dans les galeries d'un musée local, très élégamment dessiné. La série s'ouvre par le chapiteau aux lions, si justement célèbre, qui surmontait la colonne érigée sur l'ordre d'Açoka à côté du stoupa commémoratif ; elle se continue par de belles images du Bouddha de la période Goupta pour se clore par des oeuvres de basse époque. La dernière fondation en date, due à la reine Koumaradêvî de Kanaudj, remonte au début du XIIP siècle ; mais les bouddhistes ont rappris le chemin de ce site sacré et leur piété y a déjà élevé un nouveau sanctuaire. Les an, ciens couvents de l'Inde centrale étaient faits (et de nos jours

ceux du Cambodge le sont encore) de petites huttes plus ou

moins dispersées dans le paysage, servant de cellules individuelles

aux moines ; et textes et inscriptions désignent sous le nom de

« Cabane parfumée » celles qui avaient eu l'honneur d'abriter

le Maître. Comme Sarnâth est le premier ermitage où ait séjour-

né le nouveau Bouddha, les fidèles d'aujourd'hui se sont crus au-

torisés à donner à leur édifice l'appellation de « Cellule magis-

trale des origines » : ainsi les traditions longtemps interrompues

se renouent sous nos yeux.

A en croire les noms de cette place sainte et les contes qui prétendent en expliquer la sainteté, celle-ci serait bien antérieure au bouddhisme. Les uns gardent le souvenir des gazelles qui_la han-

taient jadis et donnent à penser que c'était primitivement un coin de forêt servant de réserve de chasse au roi de Bénarès, quelque

chose comme les « paradis » des monarques iraniens. Les autres

évoquent les rishis qui avaient fait de ce bois, proche de Bénarès, leur retraite favorite. Ainsi qu'il fallait s'y attendre, les boud-

dhistes, bien que tard venus, se sont efforcés de s'annexer les

deux aspects de la légende. Les rishis du passé se transformèrent aisément pour les besoins de la cause en « Bouddhas individuels » ;

leurs derniers représentants, dûment avertis de la prochaine appa-

rition de Çâkya-mouni, s'étaient, on s'en souvient, élevés dans les airs et consumés eux-mêmes dans le feu de leur extase ; comme

leurs reliques corporelles ainsi purifiées étaient retombées à terre, la place avait changé son nom de « Conversation des rishis » pour celui de leur « Chute ». Quant aux gazelles un expédient tout trouvé était de transformer le roi de leur troupeau en une incarna-