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0201 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 201 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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LA PREMIÈRE PREDICATION   X99

ablutions ou se frottant de cendres, lisant ou méditant, et se livrant entre temps à leurs austérités, immobilisés debout dans des poses contre nature, couchés sur des herses hérissés de pointes de fer, ou assis entre les cinq feux. Telle était déjà la vie qu'en compagnie de bien d'autres ascètes les Cinq anciens condisciples du Maître menaient dans cet ermitage ouvert à tout venant. Il va de soi qu'ils ne savent plus rien de celui qu'ils ont cru devoir délaisser sans retour : soudain ils l'aperçoivent de loin qui se dirige vers eux, et aussitôt leurs griefs se réveillent. Mais mieux vaut ici laisser de nouveau la parole aux textes ; car si l'histoire peut certes être contée avec moins de répétitions, comme quand on écrit pour la lecture et non pour la récitation, elle ne saurait l'être avec plus de naturel et de fine psychologie :

Or donc les Cinq de la Bande fortunée virent de loin le Prédestiné qui s'approchait et, l'ayant vu, ils complotèrent ensemble : « Voici le çramane Gaoutama qui s'approche, ce relâché, ce gourmand, ce déchu... Il ne faut pas qu'aucun de nous aille à sa rencontre ni se lève devant lui ; il ne faut pas le débarrasser de son manteau et de son vase à aumônes ; il ne faut lui offrir ni à manger ni à boire ; ni, après avoir disposé un tabouret pour ses pieds, lui dire en lui désignant des sièges vacants « Voici, révérend Gaoutama, des sièges vacants ; si tu le désires, assieds-toi ». Et l'un d'eux, Ajnâta Kaoundinya ne les approuvait pas, mais il ne soufflait mot. Et à mesure que le Prédestiné s'approchait de l'endroit où se trouvaient les Cinq de la Bande fortunée, à mesure ceux-ci se sentaient mal à leur aise, chacun sur son siège, et l'envie les prenait de se lever. De même qu'un oiseau ailé mis en cage et placé au-dessus d'un feu allumé, brûlé par la chaleur du feu, n'aurait hâte que de s'envoler, de même à mesure que le Prédestiné arrivait en présence des Cinq de la Bande fortunée, à mesure ceux-ci se sentaient mal à leur aise, chacun sur son siège, et avaient envie de se lever. Et pourquoi cela ? Parce que dans tout le règne des êtres animés il n'en est aucun qui à la vue du Prédestiné ne se lève de son siège. A mesure que le Prédestiné approchait des Cinq de la Bande fortunée, à mesure ceux-ci, incapables de soutenir la majesté et la splendeur du Prédestiné, bousculés de leurs sièges, tous, rompant leur convention, se levèrent ; l'un alla au-devant de lui, un autre le débarrassa de son vase à aumônes et de son manteau, un autre lui avança un siège, un autre lui apporta,un tabouret et un autre de l'eau pour se laver les pieds ; et ils disaient : « Sois le bienvenu, révérend Gaoutama, sois le bienvenu ; assieds-toi, voici un siège préparé pour toi. » Or donc le Prédestiné s'assit sur le siège préparé pour lui et les Cinq de la Bande fortunée après avoir échangé avec le Prédestiné divers propos amicaux et agréables, s'assirent à ses côtés...

Bien entendu (car un cliché ne saurait s'omettre) la conversation débute par des compliments adressés au Bouddha sur la sérénité de sa physionomie et la pureté de son teint. Mais lui, poursuivant son avantage, ne songe qu'à préparer ses anciens condisciples à l'audition et à la compréhension de sa Loi. Il les réprimande doucement de leur familiarité et leur défend d'employer désormais, en lui adressant la parole, l'expression banale de « révérend ». Ce titre ne lui convient plus ; car, de par sa découverte du moyen d'échapper à la mort, il est devenu le Clairvoyant suprême, il est le Bouddha. Qu'ils lui prêtent seulement l'oreille, et bientôt, instruits par lui, ils connaîtront à leur tour qu e leur