National Institute of Informatics - Digital Silk Road Project
Digital Archive of Toyo Bunko Rare Books

> > > >
Color New!IIIF Color HighRes Gray HighRes PDF   Japanese English
0202 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 202 (Color Image)

New!Citation Information

doi: 10.20676/00000286
Citation Format: Chicago | APA | Harvard | IEEE

OCR Text

 

200   LE CYCLE DU MAGADHA ET DE BÉNARÉS

but est atteint et leurs aspirations comblées, « et il n'y aura plus de renaissance pour eux ». Pour leur prouver sans tarder davantage son omniscience, il leur montre qu'il a lu à livre ouvert dans leur coeur les sentiments qui, il n'y a qu'un instant, les agitaient à son approche. Confus, repentants, -subjugués par son prestige — car, comme il le leur fait remarquer, jamais encore il ne leur a parlé sur ce ton de maître — les Cinq sont prêts à recevoir sa parole et à se convertir à la Bonne-Loi.

LA PREMIÈRE PRÉDICATION. - Pendant tous ces préambules, la nuit, une belle nuit de lune claire, est tombée. Au cours de la première veille, le Prédestiné garde le silence ; pendant la seconde il tient une aimable conversation ; ce n'est qu'avec la troisième et dernière qu'il entame enfin sa véritable prédication. Avec un sens avisé des préjugés qui hantent encore les esprits de ses cinq auditeurs, il commence par justifier à leurs yeux sa renonciation aux excès de l'ascétisme. La brusque interruption de ses macérations n'a pas été l'effet d'une défaillance passagère, mais d'une résolution mûrement réfléchie et définitivement arrêtée : « Il y a deux voies extrêmes où le religieux ne doit pas s'engager. Quelles sont ces deux voies ? L'une est une vie de plaisir, adonnée aux jouissances : c'est une voie basse, grossière, vulgaire, indigne, vaine et qui ne mène pas au salut. L'autre est une vie d'austérités, où l'on maltraite son propre corps ; c'est une voie pénible, inutile et qui ne mène à rien. Se gardant de ces deux extrêmes, le Prédestiné a découvert et enseigne la voie moyenne, celle qui mène à la paix, à la connaissance, à la clairvoyance, au Nirvâna. » Un bref commentaire n'est pas superflu. Le Bouddha ne semble pour l'instant préoccupé que de dissiper le fâcheux malentendu qui s'est glissé entre lui et ses anciens condisciples : en réalité le texte canonique vise plus loin un double but. Le laxisme de sa règle monastique était le grand reproche constamment adressé par les sectes rivales à la Communauté des Fils-du-Çâkya : c'était servir les besoins de la propagande que de mettre la réfutation de cette critique dans la bouche même du Prédestiné dès le début de sa prédication. Il ne convenait pas moins de prévenir à l'avance le néophyte du rôle considérable joué aussi bien dans la théorie que dans la pratique de la Bonne-Loi par cette prédilection affichée pour la « voie moyenne », autrement dit pour le « juste milieu » : nous aurons maintes occasions de le constater nous-mêmes.

Ce point épineux provisoirement écarté le Maître passe aussitôt à l'exposé de ce qui est toujours considéré par ses fidèles comme le coeur même de sa doctrine. Nous avons déjà assisté ci-dessus à la genèse de sa découverte : mais cette fois il ne la présente pas en train de se faire dans son esprit et ne reprend pas à nouveau, pour la dévider dans les deux sens, la série des Douze occasions réciproquement conditionnées. La nouvelle formule que les textes sont unanimes à lui prêter (et rien ne prouve qu'à quelques