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0203 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 203 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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LA PREMIÈRE PRdDICATION

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menues interpolations près il n'en soit pas l'auteur) affecte une tournure didactique et mnémotechnique à l'usage évident de catéchumènes. Définissant tour à tour en termes techniques l'existence, l'origine, la suppression et le traitement du mal, elle résume en quatre propositions la thérapeutique de la souffrance humaine. Toutefois il ne saurait échapper à personne que les deux premières thèses ne font que mettre en vedette les deux chaînons essentiels, Douleur et Désir, tandis que les deux sui

vantes se bornent à énoncer le résultat de sa rumination de la

chaîne d'abord en ordre inverse, puis sous sa forme négative (cf. supra, p. 17o-1) ; la doctrine n'a pas fait un pas de plus :

I. « Voici la noble vérité sur la douleur : la naissance est douleur ; la vieillesse est douleur ; la maladie est douleur ; la mort est douleur ; la réunion avec ce que l'on n'aime .pas est douleur ;

la séparation d'avec ce que l'on aime est douleur ; bref, toute la

trame de notre être est douleur. »

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Une fois de plus notre point de départ est la constatation de l'existence du douhkha : il est clair que le mot ne désigne encore que la douleur humaine sous les formes variées qu'elle peut prendre, non seulement les souf-

'   frances physiques, mais aussi les afflictions morales ; il finira par signifier,

par delà le mal de vivre, le mal métaphysique. Ce que nous avons traduit par « la trame de notre être » s'exprime en termes techniques par les « cinq agrégats (skandha) » qui en s'agglomérant constituent cette mosaïque de mosaïques qu'est en fait notre illusoire, transitoire et misérable personnalité. La vieille dénomination de « nom et forme » distinguait déjà en nous des éléments physiques et mentaux (supra, p. 165) : le Bouddha trouva ces derniers déjà vaguement analysés et répartis par ordre croissant de subti-

lité en quatre catégories selon qu'ils sont du ressort de la sensibilité (plaisir, douleur, sensations), de l'intellect (notions, concepts) ou de la volonté (tendances, forces, volitions) et ressortissent finalement tous à la conscience du moi — entendez à ce sentiment universellement répandu et ridiculement erroné qui nous fait croire que nous sommes « quelqu'un », une entité substantielle et durable, et qui nous situe d'emblée au centre du monde en distinction d'avec lui. C'est cette illusion, de toutes la plus tenace et moralement la plus pernicieuse, que le Bouddha prendra particulièrement à tâche de combattre ; mais, si différents que puissent être les points de vue dont on l'envisage, il est impossible de ne pas reconnaître dans l'antique définition indienne de l'âme une approximation de celle

qu'en donnent nos vieux manuels de philosophie comme « ce qui pense,

veut et sent » — et, est-il ajouté, en prend conscience.

~   II. « Voici la noble vérité sur l'origine de la douleur : c'est la

fi!soif qui mène de renaissance en renaissance, avec son cortège de plaisirs et de passions, cherchant çà et là son plaisir : la soif de plaisir, la soif d'existence, la soif de puissance ».

La ((soif » n'est autre que le désir, la convoitise, la concupiscence, bref cette avidité de jouissances qui renaît sans cesse de sa satisfaction même (« autant chercher à se désaltérer avec de l'eau salée ») et est à l'origine de toutes nos fautes comme de tous nos tourments. Le texte n'en énumère que trois sortes : mais, subdivisée à plaisir par les scholiastes, elle devient une hydre à cent huit têtes dont chacune inflige une particulière morsure à la pauvre humanité.

III. « Voici la noble vérité sur l'abolition de la douleur : c'est