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0217 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 217 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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LES PREMIERES CONVERSIONS   215

Le premier et le plus célèbre de ces néophytes laïques était le fils d'un riche banquier de Bénarès que les textes nomment Yasa, Yaças ou Yaçoda, et dont ils nous dévoilent même la naissance antérieure. Son père, désolé de n'avoir pas de postérité, s'adresse en désespoir de cause, et à l'instigation de sa femme, au génie d'un grand figuier indien qui passait pour exaucer toutes les requêtes que les gens lui présentaient. Il lui promet en échange de lui bâtir un temple, mais, pour plus de sûreté, l'épouse stérile le menace en même temps, s'il reste sourd à ses voeux, de faire abattre à la hache l'arbre qui lui sert de résidence. Voilà le pauvre sylvain fort en peine : car, si les femmes sont adonnées aux cultes populaires, il les sait d'autre part vindicatives, et la demande de celle-ci excède ses pouvoirs surnaturels. A son tour il va implorer l'aide de Çakra, l' Indra des Dieux, lequel le rassure. Il y a justement parmi les Trente-trois un dêva arrivé au terme de son existence paradisiaque et sur qui apparaissent déjà les signes prémonitoires de sa déchéance : puisqu'il lui faut « chuter », autant qu'il s'incarne dans le sein de la femme du banquier. L'autre fait d'abord des difficultés, car il se promettait de profiter de sa dernière existence humaine pour atteindre la délivrance, et, cinq siècles avant l'Évangile, il sait qu'il est particulièrement difficile à un riche de faire son salut. Les assurances de Çakra triomphent enfin de ses hésitations. Comme en mourant il a fixé sa pensée sur Bénarès et la famille du banquier, c'est effectivement là qu'il renaît, et qu'accueilli avec la plus grande allégresse, il est élevé au sein du luxe et des plaisirs. Mais sa nature déjà épurée l'empêche de s'enliser dans cette existence voluptueuse dont il a vite percé la vanité. C'est l'occasion de reprendre pour les mettre à son compte une bonne partie des récits relatifs à la jeunesse et à la vocation du Bodhisattva. On va même jusqu'à attribuer à Yaças le même sursaut de dégoût à la vue de son harem endormi ; et lui aussi s'enfuit de sa maison à la' faveur des ténèbres. Fidèle aux promesses qu'il lui a faites, Çakra le mène tout droit à la retraite alors choisie par le Bouddha. L'antique cité de Kâçî doit son autre nom de Vânârâsî à deux petites rivières qui arrosent sa banlieue, la Vânârâ et l'Asî. Le Bienheureux campait alors sur la rive opposée de la première : mais rien n'arrête l'élan d'un jeune exalté, qu'il soit esclave de ses passions ou au contraire désabusé du monde, et Yaças traverse à, gué pour venir tomber aux pieds du maître souhaité. Ses précieuses sandales, qu'il a quittées sur l'autre bord, guident vers le Bouddha sa famille éplorée qui le recherche pour le ramener au bercail. Le prestige du Bienheureux agit à leur tour sur ses parents ; et, une fois devenus eux-mêmes fidèles laïques, ils ne peuvent plus décemment s'opposer, si fort que cela leur coûte, à l'ordination de ce fils unique et tant désiré. Cette conversion sensationnelle en détermine toute une cascade d'autres ; ce sont d'abord quatre amis intimes de Yaças qui suivent son exemple, et bientôt la contagion gagne cinquante de