National Institute of Informatics - Digital Silk Road Project
Digital Archive of Toyo Bunko Rare Books

> > > >
Color New!IIIF Color HighRes Gray HighRes PDF   Japanese English
0224 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 224 (Color Image)

New!Citation Information

doi: 10.20676/00000286
Citation Format: Chicago | APA | Harvard | IEEE

OCR Text

 

222   LE CYCLE DU MAGADHA ET DE BÉNARÉS

novice brahmanique pour chanter à tue-tête les louanges du Bienheureux. La suite du récit reprend heureusement une couleur plus historique :

Or donc le Bienheureux vint au palais du roi de Magadha, Sêniya Bimbisâra ; et y étant arrivé, il s'assit sur le siège qui lui avait été préparé ainsi que la Communauté des moines. Et alors le roi de Magadha, Sêniya Bimbisâra, de ses propres mains rassasia la Communauté des moines, le Bouddha en tête, avec d'excellente nourriture, tant compacte que diluée, et quand le Bienheureux eut mangé et 4avé ses mains et son bol, il s'assit à ses côtés. Et comme il s'asseyait ainsi, il lui vint à l'esprit cette pensée : « Où pourrait séjourner le Bienheureux ? En quel endroit qui ne soit ni trop près ni trop loin de la ville, qui soit commode pour les allées et venues, accessible aux gens au gré des désirs de chacun, peu encombré le jour, peu bruyant la nuit, silencieux, respirant la solitude, retraite que ne troublent pas les hommes et qui soit favorable à la méditation ? » Et alors à l'esprit du roi de Magadha, Sêniya Bimbisâra, il vint cette pensée : « Il y a ce parc du Bois-des-Bambous qui m'appartient et qui remplit justement toutes ces conditions : pourquoi ne donnerais-je pas ce parc du Bois-des-Bam bous à la Communauté des moines, le Bouddha en tête ? » Et alors le roi du Magadha, Sêniya Bimbisâra, prit une aiguière d'or et versa de l'eau sur les mains du Bienheureux en disant : « Voici, Seigneur, que je donne le parc du Bois-des-Bambous à la Communauté des moines, le Bouddha en tête. » Le Bienheureux accepta le parc. Et alors le Bienheureux, après avoir par une pieuse homélie enseigné, encouragé, incité, réjoui le roi de Magadha, Sêniya Bimbisâra, se leva de son siège et s'en alla.

Ainsi pour la première fois l'errante confrérie se voit attribuer en toute propriété une résidence où les bhikshou de passage seront sûrs de trouver en tout temps un asile. C'est dans ce Boisdes-Bambous de Râdjagriha que le Bienheureux passera la prochaine saison des pluies, là qu'au cours de sa longue carrière enseignante il aura plus d'une fois l'occasion de revenir et de s'installer pour de périodiques séjours. Il ne tardera d'ailleurs pas, ainsi que nous verrons, à posséder un pied-à-terre analogue aux abords de la plupart des grandes villes de l'Inde centrale.

Au cours de sa tournée des places saintes du Magadha, Hivantsang n'a pas manqué de visiter les deux parcs en question près de la vieille capitale, dès longtemps tombée en ruines. Il vaut la peine de retenir la notice qu'il consacre au Bois-des-Perches, car la légende qu'il a recueillie sur le site même semble faite tout exprès pour illustrer tour à tour les deux alternatives du vieil adage : aut ex re nomen, aut ex vocabulo fabula. Cet ancien parc royal était, nous dit-il, resté une véritable « forêt de bambous, exceptionnellement hauts et vigoureux », et, comme le nom l'indique, les gens du pays venaient s'y approvisionner de ces longues perches dont on fait aux Indes si grand usage. Mais ce fait prosaïque n'avait rien d'édifiant : il fallait imaginer quelque chose qui fût capable d'émouvoir le coeur et de stimuler la générosité des pèlerins. Un cicerone ingénieux se rappela fort à propos la perche de bambou dont se serait naguère servi un jeune brahmane présomptueux pour essayer de mesurer la taille exacte du Bouddha. Ne pouvant y réussir, de dépit il jeta loin de lui cette toise