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0238 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 238 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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236   LE CYCLE DU MAGADHA ET DE BÉNARÈS

dont le métier seul suffit à dénoncer la basse extraction, procède à leur tonsure, et chacun d'eux lui fait présent des parures laïques dont il n'aura plus l'emploi. Voilà le pauvre artisan devenu riche ; mais — soit par l'entraînement de l'exemple, soit plus orthodoxement par suite de la « maturation » de ses mérites antérieurs — au lieu de jouir des biens qui lui sont échus, il ne rêve que d'être, lui aussi, ordonné moine, ce que le Bouddha lui accorde aussitôt selon le rite de l'ordination instantanée. Il en résulte que quand les cinq cents jeunes Çâkyas, qui entre temps sont allés prendre congé de leurs parents et amis, reviennent à l'ermitage pour être ordonnés à leur tour, Oupâli, quoique de beaucoup leur inférieur par la caste, est devenu en religion leur senior, et ils lui doivent hommage et respect. Le Bienheureux n'obtient pas sans peine qu'ils courbent leur orgueil jusqu'à tomber aux pieds de leur ancien valet de chambre, chacun prenant rang à mesure dans l'ordre de séniorité, la seule hiérarchie que la Communauté primitive admette.

Que penser de cette étrange histoire ? Elle éveille d'autant plus de défiance que les textes postérieurs l'ont embrouillée à plaisir. C'est parmi ces Çâkyas que plus tard le traître Dêvadatta, cousin et beau-frère du Bienheureux, aurait recruté des partisans lors du schisme que, comme nous le verrons, il fomenta au sein de la Communauté. Il ne se pouvait donc pas que Çâkyamouni n'eût conçu à l'avance quelque fâcheux pressentiment en recevant pêle-mêle tous ces aristocrates dans son ordre. Certains vont même jusqu'à spécifier qu'il aurait d'abord écarté Dêvadatta : mais si celui-ci ne fit pas partie de la première fournée, il fallait donc qu'il eût été compris dans une seconde, bien postérieure en date. D'autre part on s'aperçut après coup qu'il devait en être de même pour cinq autres cousins du Bienheureux, attendu qu'ils étaient beaucoup plus jeunes que lui : sinon comment les retrouverions-nous, tel Anourouddha, auprès du lit du Parinirvâna, ou comment se pôurrait-il qu'Ananda ait pu si longtemps survivre à son Maître après avoir été pendant vingt-cinq ans son dévoué serviteur de tous les jours ? Ces cinq princes, en compagnie de Dêvadatta — dont rien ne prouve, en dépit de ce que nous avons lu ci-dessus (p. 85), qu'il fût de beaucoup leur aîné — n'auraient donc rejoint le Bouddha que plus tard, alors qu'il résidait au village d'Anoupiya, dans le pays des Mallas, ce qui est après tout possible ; mais ce qu'on ne saurait admettre, c'est qu'on nous réserve à cette occasion une deuxième édition de la conversion du barbier Oupâli... On voit assez par là comment les souvenirs traditionnels sont susceptibles de se mêler et de se confondre dans l'esprit des rédacteurs tardifs, et combien il est parfois difficile de dégager de ces contaminations le fait initial qui seul peut mériter quelque créance.

De toutes façons, et qu'on accepte ou non en leur totalité les données de la légende, il est une question que l'on ne peut s'em-