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0240 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 240 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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238   LE CYCLE DU MAGADHA ET DE BÉNARES

atmosphère d'allégresse et de fête que la tradition conduit à présent le Bienheureux de Kapilavastou à Çrâvastî. Pendant son séjour près de Râdjagriha le Bouddha avait également reçu et accepté à cet effet l'invitation particulière d'un riche marchand du Koçala, que sa charité avait fait surnommer Anâthapindada ou le « Nourrisseur des pauvres ». Venu au Magadha pour ses affaires et descendu chez son correspondant, il avait eu occasion de voir et d'entendre le Maître. Aussitôt converti il avait, dans son enthousiasme de néophyte, supplié le Bienheureux d'honorer de sa présence sa ville de Çrâvastî. Celui-ci n'y aurait consenti qu'à condition de trouver aux abords de cette cité un ermitage prêt à le recevoir, lui et son cortège de moines. Il aurait même adjoint à son nouveau zélateur laïque le grand disciple Çâripoutra, afin d'être plus sûr que tout serait préparé dans les règles. Le choix d'Anâthapindada et de l'émissaire du Maître se porta sur le plus beau parc de plaisance des environs, celui du prince Djêta, c'est-à-dire Victor ; mais celui-ci leur refusa net de s'en dessaisir, « à moins-, ajouta-t-il en plaisantant, que vous n'en couvriez toute la superficie en or ». — « Marché conclu », rétorque le banquier ; et vidant les trésors mis en réserve par ses ancêtres, il revêt effectivement de pièces d'or tout le sol du jardin. Seulement pour préserver les ombrages on laisse debout, ayec l'agrément du propriétaire, les arbres les plus précieux, manguiers et santals. Cette contribution spontanée du prince vaut à sa mémoire que la place soit restée connue sous la double appellation de « Bois-de-Djêta, l'ermitage d'Anâthapindada ». Situé non loin de son pays natal, dans une plaine fertile, en vue de la haute muraille toujours crêtée de neige de l'Himâlaya, ce beau parc deviendra l'une des résidences favorites du Bouddha, qui n'y aurait pas passé moins de vingt-cinq de ces périodes de retraite que ramenait chaque année la saison-des-pluies. Aussi en trouve-t-on la Mention en tête de nombre de textes sacrés, et la figuration de sa donation sur tous les anciens monuments bouddhiques.

C'est à ce parc de plaisance que le Bouddha aurait été conduit en grande pompe lors de son arrivée à Çrâvastî, et lui-même en aurait vivement apprécié et vanté les charmes. Là où naguère les grands de la terre venaient prendre leurs ébats circulaient à présent les robes jaunâtres des moines ; et ils s'installaient sous ces ombrages dans les petites huttes détachées qui constituaient originairement leurs cellules. L'artiste de Barhut a même cru devoir représenter d'avance — en l'étiquetant en marge du médaillon pour ne laisser subsister aucun doute — la « cabane parfumée » qu'allait sanctifier la présence du Bienheureux. C'est là que celui-ci menait volontiers l'existence régulière que nous aurons bientôt à décrire ; là que religieux et fidèles laïques affluaient de toutes parts pour lui rendre visite ; là qu'aujourd'hui encore, depuis que le Service archéologique de l'Inde a dégagé la place, les pèlerins reviennent vénérer les vestiges de son séjour. Au