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0241 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 241 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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LES PREMIÈRES CONVERSIONS   239

temps de Fa-hien le pays était, nous l'avons dit, déserté ; mais la nature, indifférente aux calamités humaines, avait conservé aux eaux des étangs leur transparence, leur luxuriance aux feuillages, aux fleurs de lotus leur éclat et leur parfum. Mystères du coeur humain : la beauté de ces lieux au lieu de les réjouir, lui et son compagnon, ne servit qu'à réveiller chez eux la nostalgie du passé et la mélancolie de l'exil : « Ils y étaient venus, écrit-il dans sa Relation, au péril de leur vie, et ils se trouvaient à présent en pays étranger. De ceux qui, dans le même dessein, avaient avec eux traversé l'une après l'autre tant de contrées, quelques-uns étaient retournés dans leur pays, d'autres étaient morts ; et eux, maintenant, quand ils regardaient de leurs yeux la place qu'avait jadis habitée le Bouddha, mais où sa personne n'était plus visible, leur coeur était déchiré de regret... ». Douces larmes, et que nous devons comprendre ; car ne sont-ce pas des émotions analogues

que les âmes chrétiennes s'en vont chercher devant les paysages

de la Galilée ou de l'Ombrie ?

Gardons cependant notre sang-froid et comptons sur nos doigts : cela fait déjà le troisième parc royal qui échoit en toute propriété « à la Communauté des quatre points cardinaux, absente et présente, le Bouddha en tête » ; et bientôt elle en possédera également près de Vaïçâlî et des autres villes saintes. On conçoit qu'elle s'en réjouisse et considère qu'après Bimbisâra et Çouddhodana, Anâthapindada lui a fait « le plus beau des dons D. Le devoir et le rôle des zélateurs laïques était en effet de pourvoir aux quatre besoins indispensables du religieux qui mène la vie mendiante et « sans maison D. Il est fort bien qu'il renonce à tout en paroles : il ne lui en faut pas moins quotidiennement sa nourriture, périodiquement un nouveau costume, éventuellement des remèdes pour ses maladies, et enfin, en dehors mais près des villes, un abri assuré contre les intempéries, les bêtes féroces et les serpents. Situés hors murs, les parcs de plaisance transformés en ermitages ne violaient pas la règle et permettaient le recueillement nécessaire à l'exercice de la méditation ; mais en même temps ils étaient assez voisins du bâzâr pour que le moine y pût faire commodément sa quête matinale (après tout, c'était sa façon d'aller au marché sans bourse délier) ; et de leur côté, en fin d'après-midi, les fidèles pouvaient venir,

sans perte de temps ni fatigue, écouter prêcher la Bonne-Loi. Tout le monde y trouvait donc son compte et l'on conçoit que ce

quatrième don, le plus rare parce que de beaucoup le plus princier, passât aussi pour être le plus méritoire : personne, pas même le Bouddha, ne s'avisa qu'il devait d ;venir le plus funeste....

On sait ce qui est advenu. Voilà une congrégation errante et mendiante qui a fait voeu de pauvreté et qui interdit de la façon

la plus expresse à ses membres de posséder la moindre somme d'argent : du jour au lendemain une générosité laïque la transforme en propriétaire foncier, et bientôt, comme il est écrit, « elle prend racine » dè la même façon dans tous les coins de l'Inde.