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0245 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 245 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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L'OFFICE DE BOUDDHA   243

sèche, toute verdoyante avec le retour des pluies, mais toujours plate et dénudée, et seulement coupée çà et là de bouquets d'arbres marquant l'emplacement des villages. Pareils à ces îlots de. verdure semés sur la morne étendue de ce grand pays à la fois si doux et si triste, nous voyons bien aussi nombre d'épisodes se détacher sporadiquement sur le fond en grisaille de la carrière prédicante du Bouddha. Comment pourrait-il en être autrement alors qu'au cours de sa vie nomade il est entré, ou passe pour être entré en contact avec toutes les espèces d'êtres, depuis les damnés jusqu'aux dieux, et avec toutes les castes humaines, depuis les parias jusqu'aux rois et aux brahmanes ? De combien d'entre eux n'a-t-il pas obtenu les aveux ou recueilli les confidences ? A combien d'entre eux n'a-t-il pas cru devoir révéler pour leur gouverne le secret de leurs vies antérieures ? Ce n'est pas autrement que s'est amoncelé un trésor de contes moraux, récits du présent ou récits du passé, quelquefois bouffons, le plus souvent tragiques, et qui tous à l'envi s'offrent à nous édifier. Mais ce n'est pas d'édification, c'est de sélection et de classification que nous avons ici besoin.

De toute évidence il nous faut commencer par faire un choix entre toutes ces historiettes, et, de prime abord, le choix ne se présente pas dans des conditions difficiles. Comme d'habitude les vieux imagiers viennent aussitôt à notre secours, car la simple vue des motifs légendaires qu'ils traitent nous dévoile ceux qui avaient gardé les prédilections de leurs donateurs. De leur côté des hagiographes singhalais, birmans et tibétains ont dés longtemps pris à tâche de relever dans le désert d'ennui des saintes Écritures les plus divertissantes oasis. A ces artistes comme à ces écrivains nous devons grande gratitude, car grâce à eux la meilleure part d'une laborieuse moisson est déjà engrangée à notre disposition. Il n'y a qu'un malheur, c'est que son ampleur déborde de loin le nombre de pages dont nous disposons, et ne tarderait pas d'ailleurs à lasser une patience européenne. D'autre part nous n'avons pas la ressource de suivre sur ce point l'exemple d'Açvaghosha. Jugeant avec raison que la carrière enseignante du Maître se traduisait dans les faits par une série de conversions, il en expédie l'exposé en trente-deux stances dénombrant une cinquantaine de convertis ; mais nous ne pouvons plus prétendre avec lui qu'une telle liste de noms soit, aujourd'hui et chez nous, suffisamment évocatrice pour se passer de commentaires. On voit ainsi combien est étroit le passage qui nous est laissé entre le Charybde d'une prolixité indéfinie et le Scylla d'une trop sèche énumération : car l'intérêt biographique se briserait aussi bien sur un écueil que sur l'autre. Circonstance aggravante, nous ne pouvons davantage nous dissimuler qu'un troisième piège nous guette où, par la force des choses, nous ne sommes déjà que trop tombés. On peut en effet se demander si, somme toute, et en dépit de tous nos efforts pour nous en défendre, le précédent chapitre