National Institute of Informatics - Digital Silk Road Project
Digital Archive of Toyo Bunko Rare Books

> > > >
Color New!IIIF Color HighRes Gray HighRes PDF   Japanese English
0246 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 246 (Color Image)

New!Citation Information

doi: 10.20676/00000286
Citation Format: Chicago | APA | Harvard | IEEE

OCR Text

 

244   LES CYCLES MINEURS

n'a pas été bien plutôt consacré à dépeindre le rang social, le caractère, l'humeur des premiers disciples qu'à nous faire pénétrer plus avant dans l'intimité de leur convertisseur. De cet écart de méthode il faudra désormais nous garer encore plus strictement. Non seulement notre choix sera obligatoirement restreint, mais dans les limites qui nous sont tracées il ne sera pas entièrement libre. Loin de pouvoir nous laisser guider, au gré de notre fantaisie, par le fait que tel ou tel récit contient plus ou moins de péripéties romanesques ou plaisantes, il ne nous faudra retenir que ceux qui éclairent de quelque biais le comportement ou la psychologie de notre Bouddha.

Ce premier point acquis nous laisse encore aux prises avec le problème beaucoup plus ardu de savoir comment tirer des débris épars de la légende un exposé biographique tant soit peu suivi. A la vérité les compilateurs tardifs dont nous venons de louer les bonnes intentions et l'industrie ont rétrospectivement essayé de coordonner entre eux tous ces fragments en leur assignant comme cadre la liste des localités où Çâkya-mouni aurait successivement passé chacune de ses retraites annuelles. Mais outre que ce prétendu point d'histoire n'a pas en soi grande portée, il est évident qu'à mesure que l'on avance dans la carrière du Prédestiné il a été de plus en plus arbitrairement fixé, tant et si bien qu'à partir de la vingtième année il a fallu renoncer à poursuivre cette chimérique entreprise. Son résultat le plus clair est d'achever de démontrer qu'un peu plus tôt ou un peu plus tard il faut toujours se résigner à voir le cours de l'existence du Bouddha se perdre comme une rivière dans les sables. C'est alors que se présente une autre solution qui est des plus tentantes. C'est le propre des fortes personnalités historiques d'éclairer de leur rayonnement le milieu et le temps où elles ont vécu. L' Inde ancienne que nous connaissons le mieux avant et après celle d'Alexandre est, sans contredit possible, celle de Çâkya-mouni et celle d'Açoka. Pourquoi ne tenterions-nous pas l'expérience d'introduire, chacun à leur tour et par ordre de préséance, dans le cercle qu'illumine l'auréole du Bienheureux tous ses interlocuteurs d'un jour, amis et adversaires (car, à la honte de la nature humaine, l'apôtre de la bienveillance a connu des ennemis acharnés) ? Mais déjà surgit l'objection dirimante qui nous interdit de prendre ce parti. Le Bouddha plané trop au-dessus des passions de ses visiteurs pour partager aucune de leurs aventures ; au drame de la vie il n'est plus acteur, mais spectateur. La revue des habitants des cinq «voies», toutes plus ou moins douloureuses, qu'entraîne dans sa révolution perpétuelle la grande roue de la transmigration, aurait sans doute l'intérêt de dérouler les divers aspects de la Comédie divine, humaine, animale, spectrale et infernale, telle que les bouddhistes la conçoivent ; et il est non moins certain qu'elle fournirait aisément la matière d'un livre spécial sur les contemporains de Çâkya-mouni ; elle ne nous

fi