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0252 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 252 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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250   LES CYCLES MINEURS

cette sorte d'action de grâces, il se levait de son siège, et rentrait avec ses moines à l'ermitage ; car aucune robe jaune ne devait se montrer en ville entre midi et l'aube du lendemain.

Tel était l'ordinaire cérémonial ; mais il comportait parfois des variantes. Seuls les rois et les banquiers disposaient de demeures assez spacieuses pour recevoir à la fois des centaines de convives. Encore fallait-il, au cours de ces réceptions, empêcher l'afflux de religieux appartenant à d'autres sectes et qui se seraient volontiers invités eux-mêmes. C'est ainsi qu'Anâthapindada donne à son concierge la consigne de leur interdire l'accès de sa maison pendant qu'il héberge le Bouddha et .sa communauté ; et quand Mahâ--Kâçyapa, sortant d'une retraite rustique, arrive en retard avec sa barbe et ses cheveux trop longs et ses vêtements déguenillés, le serviteur trop zélé lui ferme la porte au nez, le prenant pour un hétérodoxe. Toutefois les gens logés trop à l'étroit n'étaient pas pour cela contraints de renoncer à améliorer les conditions de leurs renaissances futures en pratiquant l'oeuvre méritoire de la nourriture des moines. Ils se rendaient de bon matin au monastère et faisaient prévenir un certain nombre de ses occupants qu'ils n'aient pas ce jour-là à se déranger pour leur quête, et que leur repas leur serait apporté tout préparé : « Donnez-m'en dix, disait l'un ; donnez-m'en vingt, disait l'autre... » Et ainsi les citadins rivalisaient entre eux de pieuses attentions. Mais il fallait encore prévoir qu'au cours de ses perpétuels voyages,, le Bouddha aurait à traverser des régions mal peuplées ou trop stériles, et par suite incapables de le nourrir, lui et son cortège, dont les textes se plaisent à grossir l'importance en l'évaluant couramment à plus,d'un millier de bhikshou. En ce cas, nous dit-on, « les gens du pays, après avoir chargé sur des chariots des provisions de sel, d'huile, de riz et d'aliments solides, suivaient pas à pas la Communauté des moines avec le Bouddha à sa tête en se disant : Lorsque viendra mon tour, je leur offrirai un repas... ». Parfois même redoublant de prévenances, ils emmenaient avec eux un grand troupeau de vaches afin de leur fournir chaque jour du lait frais ; et, profitant de l'aubaine, une bande d'indigents — ceux-ci mendiant par nécessité pure et non par voeu de pauvreté — s'attachait à la pieuse caravane afin de manger les restes. On voit jusqu'où s'étendait la sollicitude des zélateurs quand il s'agissait, comme ils disaient, « de cultiver leur champ de mérites ». En revanche le Bouddha aurait eu une fois l'occasion de protéger contre_ une bande de brigands une caravane de marchands qui l'accompagnait volontairement entre Çrâvastî et Râdjagriha. Il n'y a qu'une ombre au tableau qui nous est ainsi tracé de cet échange de services : c'est . celle que projetait trop souvent sur la contrée tout entière le spectre de la famine, quand la mousson des pluies venait à manquer ; mais même en temps de disette les fidèles laïques faisaient des