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0256 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 256 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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254   LES CYCLES MINEURS

resté pour lui depuis sa conversion un ami fidèle : et quand il aura été criminellement remplacé par son fils Adjâtaçatrou, ce dernier viendra également chercher dans la conversation du Bienheureux un apaisement aux remords que lui cause son parricide. Avec l'autre grand monarque de l'Inde centrale, Prasênadjit, le roi du Koçala, le Prédestiné aurait également entretenu des relations sinon amicales, du moins courtoises. Ces visites royales se déroulent selon un protocole immuable. C'est le monarque qui se dérange le premier. Entouré de sa cour, précédé de ses musiciens et suivi de ses gardes, il s'avance sur son char aussi loin que le chemin est carrossable, puis continue sa route à pied. Au seuil de l'ermitage, il arrête sa suite et dépose les cinq précieux insignes de son rang : « diadème, parasol, épée, chasse-mouche et sandales ». Enfin quand il arrive en présence du Bouddha, il commence par se prosterner devant lui. On ne saurait plus clairement reconnaître la supériorité de la dignité spirituelle sur le pouvoir mo- narchique ; mais dans les idées indiennes, cette éclatante manifestation n'entraînait nullement comme en l'Europe médiévale, lors de la fameuse entrevue de Canossa,' l'humiliation de la personne royale. Aux abords des villes indépendantes gouvernées par des oligarques, comme celle de Vaiçâlî par les Litchavis ou

de Kouçinagara par les Mallas, le même cérémonial se répétait   d

à chacun des passages de l'infatigable inventeur et colporteur   p

de la Bonne-Loi. Des marques de déférence qui lui étaient prodiguées la tradition apporte même une confirmation indirecte en nous contant qu'elles coûtèrent son trône à Prasênadjit. Le mi-

nistre entre les mains duquel celui-ci avait laissé les cinq insignes

de la royauté met à profit le tête-à-tête entre le roi et le Bouddha   a
pour rentrer en ville avec elles et faire couronner le prince héri-

tier Viroudhaka.

Il n'en est pas moins écrit que « la visite faite aux çramanes est

une suprême bénédiction ». C'est sans doute pour les visiteurs

que l'auteur de ce cantique parle : il oublie que pour le visité

cela peut devenir à la longue un ennui. En dépit de son inaltérable patience, le Bouddha, nous avoue-t-on, se sentait parfois fatigué du constant afflux des citadins à ses audiences quotidiennes. C'est ainsi que pendant ses séjours au Bois-des-Bambous de Râdjagriha il aimait à se retirer de temps à autre sur l'une de ces collines rocailleuses qui sont l'élément pittoresque de la plaine magadhienne : là il pouvait enfin méditer en paix. Mais les cicérones qui montraient aux pèlerins les grottes où il abritait ainsi sa solitude s'étaient chargés de corser ce trop simple motif d'édification. A les en croire, le Bouddha ne se délivrait ainsi de l'importunité des hommes que pour être relancé dans sa retraite par les dieux. Dans l'une de ces cavernes Indra était venu en personne lui rendre visite après s'être fait annoncer par son harpiste en chef, Pancaçikha, et il aurait même remporté de l'entrevue, outre une solution à ses « quarante-deux » doutes, une prolon-

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