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0258 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 258 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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256   LES CYCLES MINEURS

sions présentes n'avaient pas foncièrement corrompus, l'inévitable aboutissement de la visite était l'adhésion, ou même la conversion.

ADHÉSIONS ET CONVERSIONS. - Si l'on peut s'exprimer ainsi sans irrévérence, l'art d'apprivoiser les âmes était le sport favori du Bouddha. Lui-même aurait proclamé que le plus agréable présent qu'on pût lui faire était de lui amener un homme à convertir. Il s'y prenait, autant que nous pouvons savoir, avec une adresse consommée. Il se gardait bien de commencer par énumérer froidement devant son interlocuteur occasionnel, en les comptant sur ses doigts, les rigides conclusions auxquelles l'avaient conduit ses méditations pendant la nuit de la Sambodhi, non plus que l'élaboration ultérieure de ces révélations : le pain des forts n'était pas immédiatement assimilable pour les intelligences ordinaires. C'est seulement à ceux qui étaient d'avance préparés à le recevoir qu'il pouvait être présenté d'emblée sans risque de les rebuter. Voici comment, en bon psychologue, procédait d'ordinaire le Maître :

Et alors le Bienheureux prêcha dans l'ordre de gradation suivant, h savoir sur la charité, sur la moralité, sur les paradis [sur l'acquisition et la maturation des mérites], sur le danger, la honte et la souillure des plaisirs sensuels, sur les avantages de la vie religieuse. Puis, quand le Bienheureux vit que l'esprit (de tel ou tel interlocuteur) était préparé, malléable, dés- obstrué, exalté, confiant, alors il lui prêcha ce qui est le résumé par excellence de la Loi des Bouddhas, la Douleur, son origine, sa suppression et la Voie. Et tout de même qu'une étoffe propre et sans tache s'imprègne bien de la teinture, de même (pour cet auditeur), sur la place même où il était assis, se leva la vision claire et pure de la Loi (et il connut) : « Tout ce qui est sujet à la production est sujet à la destruction ». Et ayant vu, atteint, connu, pénétré la Loi, affranchi de ses doutes, débarrassé de ses incertitudes, plein de confiance et tout entier conquis à l'enseignement du Maître, il s'écria : K Merveille, ô Seigneur, merveille ! Tout de même, ô Seigneur, qu'on relève ce qui est tombé, qu'on découvre ce qui est caché, qu'on in- dique son chemin à celui qui est égaré, que dans les ténèbres on apporte une lampe pour que ceux qui ont des yeux voient, exactement de même par le Bienheureux a été diversement prêchée la Loi. Moi que voici, Seigneur, je mets mon recours dans le. Bienheureux, dans la Loi et dans la Communauté. »

Déjà l'on devine que ce cliché revient à chaque instant dans les textes. Ce n'est pas autrement que le Bouddha se serait attaché ses légions de fidèles, tantôt individuellement, tantôt par petits groupes, et tantôt en masse — comme par exemple, quand il rallia d'un seul coup à sa Loi les 80.000 maires des 80.000 villages,

du Magadha ; car le roi Bimbisâra, ayant eu occasion de convo-   lp
quer ces dignes fonctionnaires pour leur donner des instructions administratives, en avait profité pour les envoyer prendre auprès

du Bienheureux sur la Colline-des-Vautours les directives reli- gieuses dont ils n'avaient pas un moindre besoin. Encore le Maître ne pouvait-il user ainsi de persuasion qu'avec des gens paisibles

et disposés à écouter docilement sa parole. Il lui arrivait aussi de

se heurter à des âmes rebelles que la violence de leurs instincts