National Institute of Informatics - Digital Silk Road Project
Digital Archive of Toyo Bunko Rare Books

> > > >
Color New!IIIF Color HighRes Gray HighRes PDF   Japanese English
0265 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 265 (Color Image)

New!Citation Information

doi: 10.20676/00000286
Citation Format: Chicago | APA | Harvard | IEEE

OCR Text

 

3siti

III   .

L'OFFICE DE BOUDDHA

263

Comment ne pas reconnaître à tous ces traits le constant souci qu'avait le Bouddha de s'en tenir à la « voie moyenne » qu'il avait préconisée dès le début de sa Première prédication, et de rester à égale distance de toute coupable indulgence aux plaisirs sensuels comme de. toute incitation à des macérations aussi vaines qu'ostentatoires ? Ce parti était la sagesse même ; le difficile était 'de savoir exactement où tracer cette ligne du juste milieu, et l'inconvénient, de prêter sur ses deux flancs à la critique des gens engagés dans les voies extrêmes ; car nul en ce monde n'a impunément raison. D'une part l'idée de devoir éventuellement se restreindre aux « Quatre ressources » indispensables effrayait nombre d'âmes timorées et faisait avorter bien des vocations. Le pas semblait à beaucoup si dur à franchir que, nous assure-t-on, le Bienheureux aurait prescrit de ne rappeler ces quatre obligations à l'intéressé qu'une fois la cérémonie de son ordination terminée, quand il était trop tard pour qu'il pût reculer sans esclandre. Fort heureusement la chronologie des textes permet d'admettre que ce procédé par trop machiavélique n'a été mis au compte du Bouddha qu'après sa mort par un bonze moins scrupuleux que nous n'avons appris à le connaître. D'autre part les membres des sectes rivales, astreints à des pratiques beaucoup plus austères, ne se privaient pas de railler et de décrier le relâchement de la discipline bouddhique. Une stance bien connue dépeint le « fils du Çâkya » comme menant une vie des plus confortables, mangeant bien, buvant frais, couchant dans un bon lit et s'endormant la bouche pleine de sucreries ; et en effet, la prescription même de l'unique repas par jour n'était pas rigoureusement observée : l'on était convenu que certains aliments, notamment les friandises, ne rompaient pas le jeûne. Et qu'on ne croie pas pouvoir balayer d'un mot ces critiques malveillantes et évidemment excessives en faisant observer qu'elles émanent de rivaux rien moins que désintéressés. Les Écritures elles-mêmes reconnaissent qu'elles n'étaient pas sans quelque fondement. Les gens, nous avoue-t-on, se disaient couramment : « Ces fils du Çâkya ont un code de morale facile ; ils ont une manière de vivre agréable : ils mangent de la bonne nourriture et couchent à l'abri des intempéries. » Et on ne fait aucune difficulté pour nous conter comment deux tendres parents, rêvant à l'avenir de leur fils, écartent tour à tour, comme trop pénibles pour lui, les métiers de scribe, de comptable ou de changeur, et finalement le destinent à devenir chômeur professionnel dans la Communauté bouddhique. Surtout l'on n'a pu nous laisser ignorer qu'au sein même de l'Ordre un groupe de rigoristes, dont nous verrons bientôt le traître Dêvadatta prendre la tête, s'était insurgé du vivant de leur Maître contre l'excès de sa complaisance et réclamaient la stricte application en tout temps de la règle des « Quatre (dernières) ressources ». Bref si dans sa recherche d'un parfait équilibre le Prédestiné a penché d'un certain côté, c'était plutôt