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0268 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 268 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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266   LES CYCLES MINEURS

aurait encore revêtu par avance l'habit monastique et, avec nombre de princesses, se serait rendue à pied de Kapilavastou à Vaiçâlî, où séjournait alors le Bienheureux. Attendri par le spectacle de la vieille reine, qui, « les pieds gonflés, le corps couvert de poussière, en larmes et gémissante » assiégeait l'entrée de l'ermitage, Ananda prend sur lui de rappeler au Maître tout ce qu'il doit aux soins maternels de l'impétrante ; et, après lui avoir fait convenir que les femmes sont capables, elles aussi, de franchir successivement les quatre degrés de la sainteté, il lui arrache enfin pour elles l'autorisation de « sortir du monde et de quitter la vie dans la maison pour la vie sans maison sous la doctrine et la discipline qu'enseigne le Prédestiné ». Encore celui-ci ne cède-t-il qu'à condition qu'elles se soumettront sans réserve à huit règles des plus sévères, qui placent les nonnes sous l'étroite surveillance et la juridiction absolue de leurs confrères masculins ; et quand ces humiliantes stipulations ont été acceptées d'enthousiasme « comme on reçoit des deux mains et l'on pose sur sa tête une guirlande de fleurs », le Bienheureux gronde et soupire encore : « Si les femmes n'avaient pas obtenu leur admission dans l'Ordre, ô Ananda, la vie religieuse aurait duré longtemps, la Bonne-Loi aurait duré mille ans ; mais maintenant, ô Ananda, elle ne durera plus que cinq cents ans... »

Il y aurait sur ce point beaucoup à dire. Après tout quand, au lieu de prophétiser que « sa parole ne passerait pas », il prédit pour sa religion un terme qui s'est révélé beaucoup trop court, le Bouddha ne fait que rester fidèle à sa doctrine sur l'impermanence des choses de ce monde. D'autre part un apologiste à gages pourrait soutenir, non sans un fond de vérité, que les pudibonds rédacteurs des traités de discipline (ils ne désignent jamais le beau sexe que par la circonlocution de « collection des mères ») ont forcé le tableau des répugnances de Çâkya-moun.i pour mieux servir leurs propres rancunes. Mais ont-ils exagéré de beaucoup ? Nous savons déjà que le Bouddha n'était pas d'humeur révolutionnaire. Selon toute vraisemblance il partageait la vieille idée indienne, codifiée par Manou, qu'une femme doit toujours vivre dans la dépendance d'un membre masculin de sa famille, père, époux, frère, fils, etc. Pis encore à nos yeux : entre les sept variétés d'épouses qu'il distingue (celle qui est comme un bourreau, ou comme un voleur, ou comme une maîtresse, ou comme une mère, ou comme une soeur, ou comme une amie, ou comme une servante), c'est la dernière qu'il préfère et place au premier rang, avec sa patience à toute épreuve et sa soumission que rien ne rebute car les hommes ont toujours eu un faible pour le type de tout repos que personnifie chez nous la touchante Grisélidis. Écoutez enfin les suprêmes instructions que sur son lit de mort il aurait données à. Ananda : « Comment, Seigneur, nous conduire à l'égard du sexe féminin ? — Ne pas les voir, ô Ananda. — Mais, Bienheureux, si on les voit... ? — Ne pas leur parler, ô Ananda.

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