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0270 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 270 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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268   LES CYCLES MINEURS

tions la part qui revient au maître, ceux de la pensée indienne éprouvent quelque soulagement à constater que les paroles de Çâkya-mouni ont été originairement recueillies par des gens dénués de talent littéraire (à l'exception toutefois de celui de conteur) ; car il y a beaucoup à parier que ces interprètes plus plats auront aussi été en un sens plus fidèles, et, qu'en tout cas, s'ils n'ont pas su tout retenir et tout rendre, ils n'ont rien ajouté de leur cru. Ce soin était réservé à des générations plus tardives, et l'on sait assez quelle incessante prolifération de sectes et de doctrines a fini par donner naissance après le début de notre ère, sous l'action d'influences venues d'occident, à un Néo-bouddhisme fort différent du bouddhisme primitif. Mais au cours des siècles précédents on ne sache pas qu'il ait surgi au sein de la Communauté aucun st Paul capable d'imprimer à la Bonne-Loi une orientation nouvelle et de modifier en conséquence la conception - que le Sangha se faisait du rôle et du comportement de son fondateur.

Nos scrupules apaisés sur ce point, il semble que nous puissions pousser encore plus loin et restituer en quelque mesure — du moins en imagination, mais pour des raisons proprement historiques — aux élucubrations des premiers rédacteurs des Écritures bouddhiques ce qui leur fait le plus grandement défaut, à savoir la vie. Eux-mêmes nous y invitent et nous y aident par leurs constantes allusions à la façon dont la sereine beauté du Bouddha et la pénétrante douceur de sa voix lui gagnaient les coeurs en même temps que sa dialectique avisée lui conquérait les esprits. Et sans doute là encore, comme il arrive trop souvent dans l'Inde, le mauvais démon de la statistique est venu gâter les choses. Persuadés que redondance vaut éloquence, les bons docteurs se sont infligés à eux-mêmes (et, par ricochet, à nous comme à leurs élèves), après la liste des cent douze marques de beauté, celle des soixante qualifications louangeuses de la voix du Bienheureux ; mais à travers ces excès d'analyse et cette grêle d'épithètes il reste permis d'entrevoir le charme que ces artifices masquent en prétendant l'exposer mieux. A cette mystérieuse attirance de la personne du Bouddha, on nous le répète sans cesse, nul n'échappait, si bien qu'on avait fini par lui attribuer une sorte de prestige magique et que, pour conserver leurs disciples, les hétérodoxes n'avaient trouvé d'autre moyen que de leur interdire de jamais regarder ni écouter le grand Sage. Et que le critique ne se hâte pas trop de traiter avec dédain, comme trop attendue pour être vraie à la lettre, cette exaltation d'un chef de secte par ses propres sectateurs : ce serait négliger indûment la confirmation que plus de vingt siècles d'histoire — d'une histoire telle que les premiers panégyristes du Bouddha n'en auraient jamais rêvé de pareille — sont venus apporter à leurs dires. - Il n'est pas de témoignage plus sûr que celui qu'apportent les faits ; et il faut bien que la parole de Çâkya-mouni ait exercé sur