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La Vie du Bouddha : vol.1 |
282 LES CYCLES MINEURS
se noyer dans le flot montant des commémorations pieuses : mais des textes relativement anciens proclament sa prééminence et le
donnent comme l'un des actes essentiels que doit accomplir
tout Bouddha. De fait nul ne songe à contester qu'un conflit entre le Prédestiné et les chefs des Communautés antérieures à la
sienne ne fût rendu inévitable par les conditions mêmes de leur
concurrence vitale. Tout ce qu'il est légitime de supposer c'est que nos informateurs bouddhistes n'auront pas manqué d'attri-
buer à l'hostilité des Hétérodoxes les motifs les plus bas comme
aux manifestations de leur animosité les formes les plus criminelles. C'est à peine s'ils consentent parfois à faire allusion à des
dissentiments d'un ordre plus relevé, parce que portant sur des différences de doctrine ou de discipline ; et alors même qu'ils
prétendent nous exposer les idées philosophiques de leurs adver- i
saires, il est fort à craindre qu'ils ne se plaisent à leur imprimer é
un tour ridicule, ou tout au moins inacceptable pour les gens i
sensés : car la bonne foi n'a jamais été la règle de la polémique. Il 11
paraît également surprenant que les émules de Çâkya-mouni 4
aient pu oublier leurs rivalités particulières au point de faire 11
cause commune 'contre le nouveau venu. Mais que d'un camp à ii
l'autre des défis aient été lancés et des luttes de paroles engagées, d
c'est là un trait de moeurs indiennes qui depuis la plus haute h
antiquité nous est trop souvent attesté pour susciter le moindre il
doute. Les annales brahmaniques aussi bien que bouddhistes III
retentissent des échos de grandes discussions publiques, engagées ii
souvent sur initiative ou même sous présidence royale, et dont q
l'enjeu est tantôt la suprématie du controversiste vainqueur, j
tantôt celle du groupe dont il s'est (ou a été) constitué le cham- a
pion. Débats solennels ou simples prises de bec, ce sont toutes t
ces joutes oratoires qu'à tort ou à raison la légende a, si l'on peut
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ainsi dire, condensées en un sensationnel « Colloque » — pour rf)
employer le terme dont nous usions nous-mêmes au temps de i
nos guerres de religions — de telle façon que le Bienheureux pût Io
confondre en une seule séance tous ses rivaux à la fois. Qu'un triomphe si prompt et si complet n'ait pu être obtenu sans quel- a
que miracle, c'était l'évidence même aux yeux des croyants ; et les
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prodiges sont venus en effet s'échafauder les uns par-dessus les
autres, à mesure que-se succédaient, chacun renchérissant sur la I
précédente, les versions de plus en plus édifiantes de l'événement. 401
Exactement comme sous les tertres de Saheth-Maheth, l'obser-
vateur peut déceler dans l'amoncellement des textes des couches k
appartenant à différentes époques et peu à peu superposées, 'liI
ici au sol naturel et là au fond commun primitif. C'est évidem-
ment la plus ancienne forme du récit qui nous intéresse avant 4
tout, car c'est la seule qui ait chance de nous retracer quelque !i
ombre des agissements d'autrefois : mais peut-être n'est-il pas iii
hors de propos, puisque le cas s'y prête, d'examiner comment se iiI
forge de toutes pièces un « Grand prodige magique ».
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