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0287 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 287 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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LES QUATRE PÈLERINAGES SECONDAIRES   285

consistent pour le Prédestiné à évoluer dans les airs en faisant tour à tour jaillir, de la partie supérieure ou inférieure de son

corps, tantôt des jets d'eau et tantôt des langues de feu,, « tel une montagne à la fois embrasée et ruisselante ». De cette version nouvelle nous connaissons plusieurs répliques dans l'école gréco-bouddhique du Gandhâra : mais sa figuration était interdite à la vieille école indienne puisqu'elle nécessite celle de la personne du Bouddha ; et là est peut-être la raison pour laquelle la tradition du Sud n'a pas glissé plus avant sur la pente des fictions fabuleuses. Tout au contraire, celle du Nord, aussi bien dans son imagerie que dans les textes canoniques dont celle-ci s'inspire, continue d'y chavirer. Elle avait déjà trop souvent fait répéter par le Maître, et même par de simples disciples, la « paire de miracles » pour se contenter à l'occasion du Grand prodige d'une aussi banale exhibition. A toute force il lui faut (et elle ne s'en cache pas) inventer pour la circonstance un tour de magie encore plus extraordinaire et à la portée du seul Prédestiné. C'est ainsi qu'elle aboutit à la description littéraire comme à la représentation artistique d'une fantasmagorique multiplication de Bouddhas qui, dans les quatre poses consacrées, debout, marchant, assis ou couchés, emplissent le firmament et couvrent toute la superficie des stèles ou des parois rupestres. Pour exubérante qu'elle soit, l'imagination indienne n'a pas dépassé ce stade ; mais dans l'éblouissante splendeur de ces visions apocalyptiques le petit noyau de réalité historique que nous nous efforcigns de dégager tout à l'heure achève de se volatiliser. Seuls les incroyants tiendront que c'est dommage.

LE DEUXIÈME CYCLE DE RADJAGRIHA. — On conçoit que cette prodigalité de miracles aérostatiques ait incité les biographes tardifs à en compléter la série par l'ascension du Bienheureux au paradis des Trente-trois. Là il reprendra haleine en convertissant à loisir sa mère et les autres hôtes de ce ciel. Mais il n'a pas encore atteint le terme de sa dernière existence terrestre et, dès lors, il n'est pas au bout de ses tribulations. Comme à propos de sa ville natale de Kapilavastou, la légende se souvient tout particulièrement d'un de ses « retours » à Râdjagriha, théâtre de ses premiers triomphes. Que les temps sont changés ! Son vieil ami, le roi

Bimbisâra, n'est plus ; non content de détrôner son père selon la quasi invariable coutume des princes héritiers indiens, Adjâta-

.çatrou l'a laissé mourir de faim dans sa prison, et son parricide

fait de lui un ennemi du Maître. Des grands zélateurs déclarés il ne reste plus guère que le fameux médecin Djîvaka, dont il se-

rait trop long de conter les cures merveilleuses. Peu sert au Bien-

heureux la déconfiture, à deux cents lieues de là, des six docteurs Hétérodoxes : voici qu'à présent c'est au sein de sa propre Com-

munauté qu'un rival sans scrupules fomente la discorde et cherche par tous les moyens à le supplanter. Le pis est que le scélérat trouve partout des complices, aussi bien dans les couvents