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0301 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 301 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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LE QUATRIÈME GRAND PÈLERINAGE   299

d'une telle entreprise : car la parole des Bouddhas se vérifie infailliblement. Il décoche donc aux fins d'information l'un dé ses deux premiers ministres, le brahmane Varshakâra, auprès de Çâkya-mouni qui résidait à ce moment surie Pic-des-Vautours: Et certes nous savons que le Maître a depuis longtemps dépouillé tous les belliqueux préjugés de sa caste, et qu'il est devenu le plus déterminé de tous les pacifistes : mais il connaît le monde et sait ce qui fait les nations fortes et respectées. A l'enquête du ministre il répond de façon indirecte par des contre-questions adressées à son fidèle Ananda, debout à ses côtés et qui l'évente. Il s'enquiert auprès de son disciple de ce qu'il sait mieux que personne, à savoir de la façon dont se comportent entre eux les Vridjis ; et, par cet ingénieux détour, il définit pour le bénéfice de son interlocuteur les sept fondements inébranlables de leur prospérité. Tant qu'ils continueront à tenir des assemblées fréquentes, à vivre en concorde, à observer leurs lois, à honorer les vieillards, à respecter les femmes, à vénérer leurs sanctuaires et h bien traiter les saints, ils resteront invincibles : or, c'est là justement ce qu'ils font. Politicien incorrigible, le ministre en conclut, non pas qu'il ne faut à aucun prix les attaquer, mais qu'il ne faut le faire qu'après avoir semé parmi eux la discorde ; et là-dessus il prend congé dans les termes habituels aux hommes d'État : « Allons, il me faut à présent partir, ô Gotama ; nous sommes très occupés et avons beaucoup à faire... » Nous ne tarderons pas d'ailleurs à le rencontrer à nouveau, et c'est en prévision de cette seconde entrevue que peut à la rigueur se justifier cette pre-

mière entrée en scène de l'astucieux ministre.

Le passage que nous venons de lire mériterait sans doute d'être rappelé et médité en tout pays — notamment dans un pays que le lecteur français connaît bien — car il n'est que trop certain que le sort d'une patrie repose essentiellement sur la concorde entre ses citoyens. Il n'en constituerait pas moins un étrange prologue pour .un récit du dernier voyage du Bouddha, s'il ne trahissait dès le début la singulière façon dont a été composé ce livre. Non seulement son rédacteur a emprunté ce préambule à un autre texte, mais, quand il était en train, il a froidement copié ce texte jusqu'au bout, et il fait à présent énumérer au Maître, après les sept raisons de la prospérité des habitants de Vaïçâlî, les ('7 X 5) d- 6 conditions de la prospérité de son Ordre. Et ainsi procède-t-il par la suite. La relation du Parinirvâna n'est pour plus de la moitié qu'une mosaïque de ce que nous appellerions des « plagiats » tirés des Écritures et reliés entre eux par de courts passages narratifs, parfois même par la seule formule stéréotypée qui annonce automatiquement les déplacements successifs du Bouddha et dont nous rencontrons incontinent des exemples : « Et quand le Bienheureux eut séjourné à Râdjagriha tant qu'il lui plut, il dit au révérend Ananda : Allons, Ananda, rendons-nous à Amba-latthikâ (la Pépinière-de-manguiers) ». C'était la