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0304 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 304 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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302   LES CYCLES MINEURS

Communauté; ô Ananda ? J'ai enseigné la Loi sans restriction aucune car le Prédestiné n'est pas de ces maîtres qui gardent leur poing fermé (sur certaines vérités qu'ils se réservent jalousement). Certes, ô Ananda, celui qui penserait 4 C'est moi qui suis le directeur de la Communauté » ou

C'est moi qui suis le chef de la Communauté », celui-là assurément laisserait ses instructions au sujet de la Communauté ; mais telle n'est pas la pensée ni l'intention du Prédestiné. Me voici devenu un vieillard débile ; je suis au bout de ma route ; ma vie est à son terme, le chiffre de mes ans approche de quatre-vingts. De même, ô Ananda, qu'un chariot usé ne marche qu'à condition d'être radoubé, ainsi, je pense, en est-il de mon corps. C'est seulement quand le Prédestiné demeure plongé dans la méditation la plus abstraite que son corps est à l'aise. Ainsi donc, ô Ananda, soyez à vous-mêmes votre flambeau, soyez à vous-mêmes votre recours ;

I ii

a a u

n'ayez d'autre flambeau que la Loi, d'autre recours que la Loi... »

lit

Ainsi le Bouddha se serait défendu d'avoir jamais régenté ni voulu régenter la Communauté. Peut-être se faisait-il à lui-même quelque illusion sur ce point, et nous aurons à y revenir ; mais, pour l'instant, poursuivons notre lecture : elle nous réserve bien d'autres surprises. Notre texte va soudain se découvrir en complet désaccord avec tout le reste de la doctrine : mais quand une âme dévote a-t-elle reculé devant une contradiction ? Le grand leitmotiv de la prédication du Bouddha, on nous l'a sans cesse répété, était l'impermanence de toute chose humaine ; et voici que l'on se croit obligé de lui chercher des excuses pour s'être laissé mourir ! Assurément on ne pouvait oublier que le Maître avait constamment proclamé que tout ce qui naît est inexorablement voué à la mort ; et on ne pouvait davantage se dispenser de se rappeler qu'il avait lui-même promis à Mâra que, sa tâche achevée, il entrerait dans le Nirvâna sans reste ni retour. Mais tout cela était loin ; et l'idée qu'on se faisait de sa personne sacrée avait eu le temps de se transfigurer dans les esprits. Déjà il était devenu pour ses fidèles le « dieu supérieur aux dieux », l'Être unique, exceptionnel, autonome, placé au-dessus des lois qui régissent cet univers. De même qu'il était censé avoir choisi de sa propre autorité toutes les circonstances de sa naissance, il lui appartenait de fixer à son gré l'heure de sa mort. Il ne tenait donc qu'à lui de prolonger indéfiniment son existence ; et, puisqu'il le pouvait, il le devait. Doué, comme il l'était, de toutes les puissances surnaturelles, que lui coûtait-il de réaliser le même miracle que les Juifs attendaient du Messie et de demeurer parmi nous jusqu'à la consommation des temps ? Il eût été tellement plus charitable de sa part, au lieu d'entrer dans le Parinirvâna, de continuer à illuminer le monde et à tenir grande ouverte pour tous les êtres la porte du Salut. Consentir délibérément à nous priver de sa présence et de son assistance, nous, infortunées générations postérieures, qui n'avons pas eu l'inestimable bonheur d'être ses contemporains, c'eût été cruellement démentir tout ce qu'on. était en droit d'attendre de son infinie Bienveillance. Non, il était décidément par trop sacrilège d'admettre qu'il se fût vo-