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0306 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 306 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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304   LES CYCLES MINEURS

tié à l'expédient dont on s'était tardivement avisé pour rejeter sur autrui la responsabilité du Parinirvâna du Maître. Alors que le Bouddha, en parvenant à la Clairvoyance, avait du même coup extirpé de sa personne toute racine de renaissance future, il n'était guère nécessaire que pour terminer sa carrière il fît à nouveau craquer l'armature de l'univers « comme l'oiseau brise la coquille de l'oeuf ». N'a-t-il pas lui-même déclaré que le sort nous condamne à la séparation d'avec tout ce que nous aimons ? Bien mieux, dès la ligne suivante, n'est-il pas le premier à rappeler à Ananda en guise de consolation (de même qu'il le fera encore plus tard sur son lit de mort) cette fatalité inéluctable ? Et la première phrase du sermon qu'il adresse, aussitôt après, à ses moines spécialement réunis pour la circonstance, n'est-elle pas pour leur répéter que tout ce qui existe doit périr ? Evidemment les fidèles se rendaient compte que le touchant épisode du « Rejet de la vie » n'était en somme qu'un jeu d'imagination à l'intention des âmes sensibles et avides de pathétique : il contredisait trop manifestement le premier article de leur foi. Mais quoi ! Les gens d'esprit sont, dit-on, prêts à tout sacrifier, même une vieille amitié, pour ne pas perdre un bon mot : pour se procurer une douce émotion, un coeur dévot ne recule pas davantage devant un soupçon d'hérésie.

LE DERNIER REPAS A PAVA. - Ce qui achève de démontrer que nous avons affaire à une scène interpolée, c'est qu'après nous ne sommes guère plus avancés qu'avant. Toutefois le sort en est à présent jeté et le Bouddha, à peine remis de sa maladie, quitte l'hospitalière et plaisante cité des Litchavis. A peine hors des murs, il se retourne pour jeter un regard en arrière : « C'est la dernière fois, ô Ananda, que le Prédestiné contemple Vaïçâlî : il n'y reviendra plus jamais. » Ces simples paroles déclenchent un attendrissement universel. Au grand étonnement d'Ananda, de larges gouttes d'eau tombent d'un ciel sans nuage ; et il faut que le Bouddha explique à son disciple que ce sont les pleurs que versent au firmament les divinités locales, affligées de l'imminente et définitive séparation. Plus tard on montrera à Hivantsang, « à 5o ou 6o li au Nord-Ouest de la cité », la place jusqu'où les habitants, sortis en masse à la suite du Prédestiné, lui avaient fait la conduite : encore avait-il fallu, pour décider leur foule gémissante à s'en retourner chez elle, qu'il créât par magie devant leurs pas une rivière infranchissable. Et voici que recommence le monotone déroulement des étapes — monotone pour le lecteur, cela s'entend ; car, pour le chemineau, religieux ou non, c'est une source continuelle de distractions variées. La sixième marche amène sans encombres le Bouddha et son cortège à la petite ville de Pâvâ, celle-là même où son grand rival, le Djina, devait mourir quelques années plus tard. La bande pieuse s'installe pour la nuit dans le verger de manguiers de Tchounda, « le fils du forgeron » et, par conséquent, selon la coutume des castes indiennes,