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0313 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 313 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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LE QUATRIÈME GRAND PÈLERINAGE   311

égoïste. Il n'a qu'un moment bien excusable de faiblesse, où il se retire à l'écart du mourant pour donner libre cours à ses larmes, debout, appuyé à la corniche d'un mur : « Je ne suis qu'un disciple ayant bien des progrès à faire, et voici que mon Maître va s'éteindre, qui avait tant de compassion pour moi ». Le Bouddha ne tarde pas à remarquer son absence et le fait rappeler pour lui prodiguer d'affectueuses consolations : « Assez, Ananda ; cesse de t'affliger et de gémir. N'ai-je pas pris la précaution de t'avertir qu'il faut se séparer ici-bas de tout ce qu'on aime. Comment admettre que ce qui est né ne meure pas ? C'est chose absolument impossible. Voilà longtemps, ô Ananda, qu'en actes, en paroles et en pensées tu as été pour le Prédestiné le plus utile et affectionné des serviteurs. Tu as acquis de grands mérites ; encore un effort et tu parviendras à la sainteté. » Et après l'avoir ainsi réconforté privément, il reprend son panégyrique devant la Communauté assemblée. Jamais, assure-t-il, les Prédestinés du passé n'ont eu ni ceux de l'avenir n'auront de meilleur assistant. Personne ne s'entend aussi bien que lui à organiser les audiences du Prédestiné à la satisfaction générale. Qu'il s'agisse de recevoir des moines ou des nonnes, des zélateurs ou des zélatrices, des rois, des ministres ou des religieux hétérodoxes, il n'est pas de plus habile introducteur des visiteurs ni qui sache se faire mieux venir d'eux.

Or voici justement qu'il va donner une nouvelle preuve de son adresse comme chef du protocole. Le Bouddha l'envoie en ambassade à Kouçinagara avertir les notables de sa fin prochaine : « Faites diligence, a-t-il mission de leur dire ; n'ayez pas plus tard à vous repentir en pensant : Sur le territoire de notre village a eu lieu le Parinirvâna du Prédestiné et nous n'avons pas profité de l'occasion pour lui rendre visite à sa dernière heure. » L'appel n'est que trop bien entendu : hommes, femmes, enfants, tous les Mallas sortent en foule et se rendent avec de grandes démonstrations de douleur à leur Bois-de-Çâlas. Menacé d'être débordé par leur nombre, Ananda se tire ingénieusement de la difficulté. S'il présente les Mallas un par un, la nuit entière sera passée . avant que leur défilé ne soit terminé ; il les introduit donc par famille, chacune avec le chef de maison à sa tête : c< Seigneur, un Malla de tel ou tel nom, avec ses enfants, sa femme, son entourage, ses intimes, se prosterne aux pieds du Bienheureux. » Et par fournées successives la présentation s'achève avec la première veille de la nuit.

Mais il n'est pas de repos pour le serviteur non plus que pour le Maître. A peine les Mallas s'en sont-ils retournés chez eux que le religieux Soubhadra vient solliciter une entrevue avec le Prédestiné. Il sait combien est rare en ce monde l'apparition d'un Bouddha ; or il vient d'apprendre que le Çramane Gaoutama va s'éteindre ; et il n'a d'espoir qu'en lui pour obtenir une solution aux doutes qui le tenaillent toujours. Comme de raison Ananda