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0316 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 316 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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314   LES CYCLES MINEURS

tribut d'hommage aux fleurs que les dieux font au même moment pleuvoir du haut des cieux sur le cadavre du Bienheureux. Tour à tour les assistants de premier rang, Brahma, Çakra, Anourouddha, Ananda laissent exploser leurs sentiments en une stance appropriée . à leur caractère. Quant à la foule des religieux et des laïques, elle se partage en deux camps : les uns s'abandonnent bruyamment et avec de grands gestes à leur désespoir en répétant : « Trop tôt le Bouddha s'est éteint, trop tôt s'est fermé l'oeil du monde » ; les autres, sachant l'impermanence de toutes choses, se résignent dans un silencieux recueillement ; et Anourouddha morigène ceux des moines qui se livrent en cette occasion à des manifestations de chagrin qu'il juge complètement déplacées.

LES FUNÉRAILLES. - On n'aura pas été sans remarquer qu'un autre cousin du Bouddha, devenu son disciple en même temps qu'Ananda, vient de déposséder ce dernier de la prééminence que nul n'avait songé à lui disputer jusqu'ici. Le sage et impassible Anourouddha assumera désormais le premier rôle, ou du moins il ne le partagera qu'avec un autre grand disciple, Mahâkâçyapa, celui-là même qui ne va pas tarder à prendre en mains la direction de la Communauté privée de son chef. Désormais le beau, le doux, l'aimable Ananda, le chéri des nonnes et l'aristocratique arbitre des convenances, va être relégué au second plan : il ne jouera plus que les utilités. On ne peut empêcher que, de même qu'il avait l'oreille du Bouddha, il ait mieux que personne recueilli toutes les paroles tombées de sa bouche ; mais on lui fera cruellement sentir le fait qu'il n'est pas encore parvenu à la sainteté. Nous percevons, répercuté à travers les textes, l'écho d'une cabale montée contre lui dès le lendemain de la mort du Maître par des confrères jaloux, déguisant leur animosité sous une affectation d'austères scrupules. Le changement de ton est d'autant plus frappant que nous venons d'entendre Çâkya-mouni en personne faire une véritable apologie du disciple bien-aimé. Maintenant Mahâkâçyapa ne se gêne plus pour le réprimander « comme un jouvenceau » parce qu'il ne tient pas ses disciples en bride suffisamment serrée ; et la nonne Sthoulanandâ, qui a osé prendre sa défense, expie actuellement dans l'enfer, où l'a précipitée un simple regard désapprobateur de Mahâkâçyapa, l'excès de son indiscrétion. Lors du prétendu « concile » de Râdjagriha où devait être fixée la lettre des Écritures, il faut bien en venir à prier Ananda de réciter de mémoire les discours du Bouddha ; mais un véritable réquisitoire, avec sept chefs d'accusation, est au préalable dressé contre lui. Il va de soi que ces ziza-

nies de couvent, banales à force d'être fréquentes, n'auraient pas ombre d'intérêt pour nous si l'exégète ne prenait son bien

partout où il le trouve : or cette querelle depuis si longtemps éteinte va, par un effet réflexe inattendu, nous permettre de restituer au sujet des funérailles du Bouddha, à défaut du procès-