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0317 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 317 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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LE QUATRIÈME GRAND PÈLERINAGE   315

verbal authentique qui n'a jamais été dressé, un état plus ancien, et probablement plus sincère, de la légende.

Reprenons en effet la liste des sept reproches qui sont successivement adressés à Ananda et à l'encontre desquels il se borne humblement à plaider les circonstances atténuantes. Nous en connaissons déjà trois : il a insisté pour l'admission des femmes dans la Communauté, il a omis de prier le Bienheureux de prolonger sa vie, il a fait la sourde oreille quand celui-ci, en proie à la fièvre, lui a demandé de l'eau à boire. Des quatre autres, deux sont sans intérêt pour nous : il aurait une fois piétiné le costume du Maître ; et, quand celui-ci, peu avant sa mort, a autorisé la Communauté à modifier les préceptes mineurs de la Discipline, il a négligé de lui faire préciser exactement de quels préceptes il parlait. En revanche les deux derniers nous touchent particulièrement ici : après le Parinirvâna il aurait exposé aux yeux des gens la nudité du Bouddha, et il aurait permis aux femmes de souiller son cadavre de leurs larmes. Or, ce sont là deux incidents dont il n'est plus — disons mieux : dont il ne saurait plus être un instant question dans les nombreux récits qui nous ont été transmis des funérailles. Il s'ensuit que ces derniers ont été remaniés dans l'intention de jeter un voile pieux sur des circonstances qui ne cadraient plus avec les conceptions nouvelles ; et dès lors comment ne pas soupçonner qu'originairement Ananda, en sa qualité d'ordonnateur désigné des cérémonies, continuait, après comme avant le Trépas, à prendre toutes les initiatives, quitte à s'exposer plus tard à toutes les critiques et à être rétrospectivement démissionné ?

Tâchons de nous représenter la suite des rites funéraires tels que les prescrivait la coutume générale et que les comportaient les circonstances locales : nos soupçons ne tarderont pas à se confirmer. Tout d'abord c'est chose entendue que les obsèques des religieux sont entièrement à la charge des fidèles laïques : leurs confrères n'ont aucunement à se distraire en cette occasion de l'absorbante préoccupation de leur salut. A la nouvelle du décès du Bouddha, ceux d'entre les Mallas qui sont des zélateurs bouddhiques accourent aussitôt en famille, avec leurs épouses et leurs enfants. Leur premier soin, selon l'usage antique et quasi universel, est de se livrer autour du lit de mort à la déploration ou lamentation funèbre : et c'est alors qu'au dire des vieux bonzes les femmes ont « souillé » de leurs larmes le corps du Bienheureux. Leur douleur dûment manifestée, les bonnes gens procèdent, comme de règle, au lavage du cadavre : et c'est ainsi qu'Ananda a pu être accusé et convaincu d'avoir laissé exposer aux yeux de tous l'auguste nudité du Prédestiné. Sitôt ces apprêts terminés et le corps à nouveau revêtu de son costume monastique, des volontaires s'offrent, sans distinction d'âge ni de sexe, pour porter au lieu de crémation du bourg la civière sur laquelle le mort repose ; et, sur un bûcher improvisé à la mesure de leurs moyens,

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