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0330 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 330 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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328   CONCLUSIONS

est en fait restée stigmatisée du nom de « Voie inférieure ». Ainsi naquit et est toujours allé en s'affirmant le grand schisme qui divise encore l'Église bouddhique en deux camps ; l'un mettant l'accent sur la compassion, la bienveillance universelle, le dévoûment désintéressé, l'amour du prochain étendu à tous les êtres vivants et poussé jusqu'au complet oubli de soi-même ; l'autre prônant avant tout le repli sur soi, la concentration d'esprit, la vigilante et constante surveillance des actes, paroles et pensées, la méditation solitaire et la radicale suppression de toute émotivité. En définitive l'on peut dire que le premier a pris pour règle l'imitation du Bodhisattva, et le second, celle du Bouddha ; et c'est dans l'opposition de ces deux attitudes morales plus encore que dans l'inégal développement de leurs créations mythologiques et de leurs spéculations métaphysiques que réside la distinction foncière entre le Mahâ-yâna et le Hîna-yâna.

Cette observation mérite d'être poussée plus avant, car elle aide à comprendre aussi bien les heurts qui se sont parfois produits entre les membres de la plus ancienne Communauté que les divergences d'opinion qui séparent les plus récents commentateurs du bouddhisme : c'est qu'en fait les uns et les autres, selon leurs dispositions d'esprit et de coeur, se partageaient et se partagent entre les deux tendances restées dominantes à l'intérieur de l'Église. Lisez les exégètes modernes : les uns découvrent dans l'amour du prochain le fondement même de la doctrine et la meilleure clef de son interprétation ; d'autres au contraire ne veulent voir dans la Bonne-Loi qu'une discipline uniquement tendue vers le salut personnel et froidement détachée de tout le reste. En termes techniques le mot d'ordre du bouddhisme serait, selon les premiers, la maitrî, l'universelle bienveillance qui pousse à la plus large expansion altruiste ; selon les seconds, ce serait l'apramdda, la vigilance soutenue qui préside au plus égocentrique des réfrénements. On n'est pas sans entrevoir également, dans l'entourage même du Maître, des représentants d'un généreux sentimentalisme humanitaire ou, au contraire, de l'individualisme le plus strict. Plusieurs de ses disciples avaient été ses amis d'enfance et de jeunesse avant de l'accepter comme Précepteur des hommes et des dieux ; quelques-uns n'avaient embrassé sa doctrine que pour l'amour de lui. L'affection que lui portait par exemple un Ananda, méritait déjà le nom de cette dévotion passionnée, et prête à déborder sur le monde entier, de cette bhakti que les Mahâyânistes crurent avoir inventée. Au contraire, des convertis venus sur le tard de sectes hétérodoxes et restés imbus de tous les préjugés ascétiques, tel un Mahâkâçyapa, persistaient à incarner dans sa sèche roideur le type presque inhumain du moine indifférent• aux souffrances d'autrui et totalement retranché du siècle. Là gît probablement la raison profonde du désaccord survenu entre eux et dont le souvenir nous a été conservé. Leur mésintelligence aurait même vite