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0332 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 332 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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330    CONCLUSIONS

ration du bouddhisme. L'aire de son extension devient encore plus étroite si, en troisième lieu, on l'interroge sur les moyens d'évasion qu'il met à la disposition de ses sectateurs : il n'en recommande qu'un comme expéditif et sûr, à savoir l'entrée dans un ordre de moines errants et mendiants. Cette obligation non plus ne saurait être du goût de tout le monde ; et en apportant à la propagation de la Bonne-Loi une restriction additionnelle, elle achève de lui ôter le caractère oecuménique que ses partisans prétendent lui faire partager avec le christianisme. Le Christ des Évangiles a pu être appelé l'Homme-Dieu ; le Bouddha des vieilles écritures canoniques n'est que le Moine-Dieu.

Qu'ici encore le lecteur veuille bien se donner la peine de nous comprendre. Il n'est pas plus question de blâmer Çâkya-mouni

d'avoir cru à une certaine sorte de métempsychose que de faire grief à Pascal d'avoir pris à lettre le mythe du péché originel.

Plongeant dans le mystère, les dogmes sont articles de foi, et pas

plus que leur vérité, leur fausseté n'est un objet de démonstration. Comme tout le monde autour de lui, le Bouddha avait été

élevé dans l'idée que les êtres renaissent selon leurs mérites ou

leurs démérites, et rien n'est jamais venu lui prouver l'irréalité de cette théorie. Fondée sur l'axiome généralement accepté que

« nos actes nous suivent », elle a même dû lui paraître confirmée

tant par le consentement universel de son entourage, que par les curieuses expériences mentales des réminiscences et le senti-

ment qu'elles nous donnent du « déjà vu » ou du « déjà éprouvé ». Elle rend également compte des faits réels que l'Occident classe sous la rubrique soit de l'instinct chez les animaux, soit de la prédestination chez les hommes, soit. chez les uns et les autres, de l'hérédité. Enfin, traitant chacun selon ses oeuvres, elle satisfait notre besoin inné de justice. Libre donc au Bouddha d'y croire ; mais libre aussi à ceux qui ne sont ni hindous, ni boud- dhistes, ni théosophes de ne considérer la théorie de la métempsychose, encore qu'elle ait un instant intéressé l'esprit de Platon, que comme une fantasmagorie dont le seul mérite est de suggérer une solution aussi ingénieuse que chimérique à la question sociale de l'inégalité des conditions et au problème métaphysique

du mal.   k~
Ainsi donc le postulat dogmatique sur lequel est tout entière

fondée la Bonne-Loi n'est pas d'emblée acceptable pour une   ;hi
bonne partie de l'humanité. Il faut en dire autant de l'unique re-

mède garanti efficace qu'elle propose à la douleur de vivre. Assurément il faut se hâter de reconnaître que Çâkya-mouni n'a pas

été seul à penser que « la vie domestique n'est que souillure » et que la fuite « hors de la maison » est le préliminaire indispensable du salut. A la faveur de certains propos échappés à Jésus-Christ et repris par saint Paul, le monachisme s'est introduit en Occident et y fleurit encore. On y trouverait néanmoins bien peu de personnes pour approuver, et moins encore pour adopter sous la